Zéromacho : Des hommes contre le machisme [France]
Ils disent non à la prostitution, et, plus largement, s’engagent pour les droits des femmes, ici et ailleurs. Zéromacho, mouvement d’hommes féministes, porte sa voix en France et au-delà.
Par Sandrine Boucher
Paru dans Femmes ici et ailleurs #34, novembre-décembre 2019
“Le féminisme, c’est comme des lunettes de vue : on croit n’en avoir pas besoin mais une fois qu’on les a mises, on ne peut plus voir le monde autrement”, témoigne Frédéric Robert, cofondateur et l’un des porte-parole de Zéromacho. Ce réseau d’hommes engagés pour l’égalité et contre le système prostituteur est unique en France et même au monde. À l’origine de ce groupe 100 % masculin ? Une femme : Florence Montreynaud, historienne et féministe, qui a écrit en particulier Le 20e siècle des femmes. Dans ses travaux sur la prostitution, elle avait constaté que les clients étaient les grands absents des études et des débats. Or, rappelle-t-elle, citant le sociologue suédois Sven-Axel Månsson, la prostitution, qui relève “d’un contrat de domination […] est un problème d’hommes”.

Les convictions de la chercheuse rencontrent un écho puissant chez une poignée d’hommes qui décident d’affirmer, ensemble et publiquement, le refus de la prostitution et, plus généralement, du machisme. Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo est l’un d’eux : “Nous ne ferons pas avancer l’égalité si nous continuons à nous raconter cette fable qu’il n’est pas grave d’acheter un service sexuel”, estime-t-il. Zéromacho est créé en 2011 et la pétition “Nous n’irons pas au bois” lancée dans la foulée, qui récolte en quelques mois plusieurs centaines de signatures du monde entier.