Santé : Vers la PMA pour toutes
C’est d’ores et déjà l’une des questions les plus débattues de la loi bioéthique qui sera discutée à l’Assemblée nationale à partir de la fin septembre : l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et en couple lesbien. Témoignage et enjeux.
Par Cécilie Cordier
Paru dans Femmes ici et ailleurs #33, septembre-octobre 2019
Jusqu’à présent, malgré le mariage pour tou·te·s de 2013 qui a entériné le schéma familial avec des parents de même sexe puisque l’adoption leur est possible, la procréation médicalement assistée (PMA) n’est accessible qu’aux couples infertiles formés d’un homme et d’une femme. Être une femme célibataire ou vivant avec une autre femme n’empêchent pourtant pas d’avoir un projet parental. Certaines recourent, par choix ou faute d’argent, à une insémination artisanale avec un ami ou un homme rencontré sur un forum internet dédié à ce genre d’échange. “Il y a toujours eu des inséminations artisanales et des mères lesbiennes, rappelle Céline Puill, sage-femme libérale. Ces femmes devraient pouvoir en parler librement et recevoir les conseils adéquats.” Avec elles, la praticienne aborde, en plus du suivi classique, des questions spécifiques comme l’anonymat ou non du donneur ou la possibilité de coallaiter le bébé. D’autres femmes partent à l’étranger pour une PMA à leurs frais. Mais pour cela, “il faut du temps, de l’argent, le bon réseau, un travail qui permet de poser des congés facilement”, résume Céline Puill.
Le parcours de la combattante
Pendant un an, Claire a ainsi essayé d’avoir un enfant avec son épouse. Elle a franchi la frontière belge et tenté huit inséminations artificielles. Chacune lui a coûté 500 euros, en plus du déplacement. Pendant la préparation, les ordonnances étaient rédigées par une gynécologue française : “Les traitements de stimulation ovarienne, prises de sang et échographies ont été pris en charge. Plusieurs centaines d’euros par cycle. C’est de la fraude. J’avais peur qu’on me demande de rembourser ou que mon amie gynécologue ait des problèmes. Je devais me taire pour ne pas risquer une dénonciation par un·e homophobe à la pharmacie ou au laboratoire.”
