Valeurs ajoutées : “Les modes de management du 20e siècle ont vécu”
La mixité s’impose désormais dans les organisations de travail. Au-delà de la répartition numérique entre femmes et hommes, à tous les échelons et dans toutes les fonctions, Marie-Christine Mahéas, dirigeante de l’Observatoire de la mixité, estime que ces nouveaux équilibres bouleverseront en profondeur les modes de management.
Propos recueillis par Pierre-Yves Ginet
Rubrique dirigée par Delphine Guyard-Meyer, experte égalité femmes-hommes en entreprise
Paru dans Femmes ici et ailleurs #48, mars-avril 2022
Biographie express
Formée à la Harvard Business School, Marie-Christine Mahéas est ingénieure spécialisée en mathématiques appliquées aux problématiques industrielles. Après une carrière dans des fonctions de direction, au sein d’entreprises du transport aérien et ferroviaire et de sociétés de conseil, elle dirige désormais, pour le groupe Mazars, le Mazars Center for Diversity and Inclusion. Enseignante en management au Master de politiques publiques à Sciences Po Paris, vice-présidente du réseau Gender and Gouvernance Action Platform (2GAP), Marie-Christine Mahéas dirige l’Observatoire de la mixité et y anime un club de dirigeant·e·s de grands groupes, désireux·ses de faire avancer la mixité. Elle a dirigé l’écriture du livre collectif Mixité, quand les hommes s’engagent (Eyrolles, 2015) et coordonné, avec Armelle Carminati-Rabasse et Patrick Scharnitzky, la réalisation de l’ouvrage Remixer la mixité (Eyrolles, 2021).

Dans Remixer la mixité, dont vous avez coordonné l’écriture, vous soulignez une urgence de mixité dans les organisations de travail…
La mixité dans les entreprises est une vague qui est déjà lancée. Il n’y a plus d’autre choix que de la surfer, sinon, à brève échéance, on coule. Dans mes échanges avec des dirigeant·e·s de grandes entreprises, je ressens vraiment cette urgence. Les organisations sont face à l’injonction d’offrir les mêmes opportunités aux hommes et aux femmes, imposée notamment par le marché du travail. La chasse aux talents, le recrutement et la rétention de ces talents sont clairement des enjeux majeurs depuis quelques années : la réputation, l’importance de la marque employeur sont déterminantes. Au-delà, la question intéresse désormais des client·e·s, des actionnaires ou des fonds d’investissement. L’obligation d’agir est là.
Vous insistez sur la nécessité de sortir des actions “égalité et mixité” centrées exclusivement sur les femmes. Pourquoi cet impératif ?