Valéria Milewski : Laisser une trace [France]
Valéria Milewski est devenue en 2007 la première biographe hospitalière de France, un métier qu’elle a inventé et qu’elle essaime désormais. Son but : se mettre au service des autres et permettre à chacun et chacune de revenir sur sa vie et laisser un message en héritage.
Par Déborah Liss
Paru dans Femmes ici et ailleurs #43, mai-juin 2021

L’ironie ne nous a pas échappé au moment de demander à Valéria Milewski de parler d’elle : son job est plutôt de parler des autres. Un sourire en coin, elle se décrit comme une taiseuse qui a grandi dans une famille où ” la parole n’était pas tellement présente”. Elle a été bouleversée dans son rapport à la vie dès l’adolescence : à quinze ans, un grave accident la maintient alitée pendant toute une année et lui laisse ” le temps de réfléchir et de relativiser beaucoup les choses. Cet accident a été une chance”. Plus jeune, elle avait perdu son père. Malgré tout, elle décrit une enfance plutôt insouciante, dans une ville de la région parisienne, au croisement de ”multiples influences culturelles”, l’Espagne du côté maternel, la Pologne du côté paternel.
C’est au milieu des années 2000 que Valéria Milewski réfléchit à devenir biographe pour les personnes en fin de vie. Elle vient de perdre son travail à la section artistique du muséum d’histoire naturelle de Paris qui a fermé. Elle prend alors le temps de se demander où elle a ”envie de dériver”, se dit qu’elle ” aime les gens et écrire”. Et décide de se consacrer entièrement à un métier qu’elle est en train d’inventer : recueillir la parole de personnes gravement malades pour leur offrir le livre de leur existence.