Un enfant si je veux
Elles ne sont pas nombreuses, moins de 5 % en France, mais elles font entendre leur voix et tentent de faire respecter leur choix. Pas simple : les femmes qui ne veulent pas être mères sont accusées de s’opposer à leur “nature” ou leur fonction sociale.
Par Roberta Zambelli
Paru dans Femmes ici et ailleurs #29, janvier-février 2019
“Je n’ai jamais été trop attirée par l’idée d’avoir des enfants, mais à force d’entendre ‘Vous avez le temps pour changer d’avis’, je me suis dit, oui, peut-être je changerai d’avis. Eh ben, non !”, témoigne Christina Rebuffet-Broadus. De son côté, Appoline Olivier Touki, explique : “Vers l’âge de quinze ans, j’ai compris que ça ne m’intéressait pas. Aujourd’hui, je suis âgée de trente-cinq ans et cela ne m’intéresse pas davantage.”

Ces deux femmes font partie du groupe Facebook “Je n’ai pas d’enfants et alors ?”, dont la deuxième est administratrice. Ce groupe mixte compte près de mille membres, dont 85 % de femmes. Pour Appoline Olivier Touki, cette surreprésentation féminine est inévitable : “C’est sur les femmes qu’on fait peser la responsabilité du choix d’avoir ou non des enfants.” Une pression bien connue de Christina Rebuffet-Broadus : “J’ai entendu personnellement maintes fois des réactions comme : ‘Mais IL FAUT faire des enfants !’, ‘Vous voulez rendre votre mari malheureux ?’ Ainsi, on ne cherche pas à aider la femme à interroger ses (non) désirs, mais on la juge et on tente de lui imposer un modèle de vie. Il est, certes, majoritaire, mais en aucun cas obligatoire pour mener une existence heureuse.” D’après une étude de l’Ined1 en 2014, 4,3 % des Françaises, dites childfree, déclarent ne pas vouloir d’enfants.
Avalanche de réactions
En septembre 2017, la Youtubeuse Antastesia diffuse la vidéo Pourquoi je ne veux pas d’enfants2 où elle affirme qu’elle n’a jamais ressenti l’envie d’être mère et justifie également son choix par des raisons écologiques : à ses yeux, la planète supporte déjà une population trop importante. La vidéo suscite 235 000 vues et une avalanche de commentaires. Pour la plupart, ce sont des témoignages d’autres femmes qui se reconnaissent dans ses propos et sont heureuses de ne plus se sentir seules. Mais les accusations pleuvent aussi.