Santé : Trop, c’est trop
Le burn-out (épuisement professionnel en français), parfois appelé “le mal du siècle”, touche particulièrement les femmes. Manque de reconnaissance, doubles journées de travail, parfois harcèlement moral et/ou sexuel… L’ensemble de ces facteurs multiplient les risques.
Par Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #40, novembre-décembre 2020
“Avec le recul, je me rends compte que j’étais fatiguée tout le temps. Je tenais grâce au café. J’étais systématiquement malade les premiers jours de vacances. Je travaillais énormément. Je ne faisais rien d’autre que ça et gérer la maison. Le burn-out a été un véritable tsunami. Douleurs, insomnies, anxiété… C’est très violent pour le corps”, raconte Nathalie*, trente-huit ans. Le burn-out désigne un syndrome d’épuisement professionnel (ce qui le distingue de la dépression notamment), qui se manifeste par un effondrement physique, émotionnel et psychique, dû à un contexte de travail difficile. Il n’est toujours pas reconnu comme maladie professionnelle, ce qui permettrait une meilleure indemnisation des salarié·e·s.
Quand le corps lâche
“Les trois premiers symptômes du burn-out sont une fatigue que le repos ne résorbe plus, la perte de plaisir à exercer son métier et le recours à des produits pour tenir”, explique Marie Pezé, docteure en psychologie et psychanalyste, fondatrice du réseau Souffrance et travail, et autrice notamment du Burn-out pour les nuls. Souvent, l’alerte est donnée par le corps : pour Nathalie, “une hernie discale sans aucune raison qui m’a alitée pendant quatre mois”, pour Sandra*, cinquante ans, une intense douleur thoracique qui l’a conduite aux urgences. “Le fait de travailler de manière trop intensive produit une production excessive de cortisol, l’hormone du stress, décrypte Marie Pezé, qui va alors générer certains symptômes, comme des troubles musculo-squelettiques, des lésions cérébrales ou des pathologies cardio-vasculaires, dont l’infarctus.” Chez les femmes, il peut aussi s’exprimer par l’absence ou l’irrégularité des règles. Enfin, la santé mentale est souvent affectée : “J’ai des crises d’angoisse, des trous de mémoire, par moment de très grandes colères… Je suis épuisée, j’ai parfois envie de me foutre en l’air”, confie Sandra.
