Tran To Nga : La mémoire en résistance [France-Vietnam]
La Franco-Vietnamienne Tran To Nga fait partie des 4,8 millions de victimes de l’agent orange, un herbicide ultratoxique épandu pendant la guerre du Vietnam. Elle a porté plainte contre quatorze sociétés agrochimiques. À soixante-dix-huit ans, cette résistante compte bien remporter ce nouveau combat pour obtenir justice.
Par Louise Pluyaud
Paru dans Femmes ici et ailleurs #42, mars-avril 2021

Le rendez-vous est pris à Évry-sur-Seine, en banlieue parisienne, chez elle. Station de RER Bras de Fer ; soit l’épreuve de force dans laquelle Tran To Nga est engagée depuis 2014, lorsqu’elle a porté plainte contre plusieurs mastodontes américains de l’agrochimie, dont Monsanto et Dow Chemical. Tran To Nga a le regard cerné derrière de grosses lunettes papillon. Dans son salon, la table basse est recouverte de médicaments. Aujourd’hui âgée de soixante-dix-huit ans, elle souffre de diabète, de chloracné ainsi que d’une maladie cardiaque génétiquement transmissible. Des pathologies dont le lien avec l’exposition à l’agent orange a été établi par l’Académie nationale des sciences des États-Unis.
Cette ancienne résistante pour l’indépendance du Vietnam aura mis plus de quarante ans avant de relier ses souffrances et celles de ses enfants à cet herbicide contenant de la dioxine1. Après avoir été maintes fois repoussé, le procès contre quatorze géants de l’industrie agrochimique s’est enfin ouvert le 25 janvier en France. L’état de santé de la presque octogénaire inquiète, mais elle l’assure : “Les victimes oubliées de l’agent orange comptent sur moi. Mon dernier combat ne fait que commencer. Je tiendrai bon !”
La fille du Mékong