Tracy de Sá, l’activiste du verbe
À vingt-neuf ans, la rappeuse française d’origine indienne sort son deuxième album, In Power. Tracy de Sá assume son hédonisme et revendique la provocation comme une arme de liberté. Elle crée un nouveau titre chaque 8 mars pour rappeler que le rap porte aussi la voix du féminisme. Rencontre.
Propos recueillis par Emmanuelle Hebert
Paru dans Femmes ici et ailleurs #48, mars-avril 2022
Biographie express
Née en Inde, Tracy de Sá n’a que deux ans et demi quand sa mère fuit Goa pour le Portugal avec elle. Après une enfance en Espagne, elle s’installe en France en 2011. Rappeuse engagée, son verbe est haut, sa plume affûtée. En anglais, espagnol ou français, elle explose les clichés, dénonce les inégalités.
Sexisme, racisme, violence, harcèlement, classisme, invisibilisation… elle transforme sa colère en musique. Elle a signé son premier album, Commotion, en 2019. Le deuxième, In Power, est sorti ce printemps. C’est en concert qu’elle livre sa quintessence. Après plusieurs dates au Mexique et diverses collaborations en Colombie et aux États-Unis, elle sera de retour sur scène en France à partir de début avril.
Pourquoi le rap ?
Étant issue de l’immigration, c’était le seul mouvement dans lequel je me sentais comme les autres. J’y suis entrée par la danse puis j’ai compris que le rap permettait un discours critique sans tabou. Le hip hop m’a éduquée au même titre que l’école. Il m’a permis de trouver ma place comme je veux la définir et non pas comme la société voudrait le faire.

Dans cet univers dominé par les hommes, souffrez-vous de sexisme ou d’insécurité ?