Star Feminine Band : Chanter pour ses droits
Défendre les droits des femmes, c’est le refrain chanté en bariba, fon et français par sept adolescentes du Star Feminine Band. Cet orchestre féminin béninois unique vient de sortir son premier album. Rencontre polyphonique.
Par Louise Pluyaud
Paru dans Femmes ici et ailleurs #42, mars-avril 2021

André Balaguemon, vous êtes musicien et à l’origine de la formation du Star Feminine Band. Comment ce projet est-il né ?
André Balaguemon : Lorsque j’étais adolescent, j’ai découvert que ma voisine était battue par son mari. J’ai prévenu ma famille qui est intervenue pour les séparer. Cet événement m’a profondément marqué. En grandissant, j’ai été d’autant plus révolté par ce que les femmes de mon pays subissaient : les mutilations génitales, les mariages et grossesses précoces, etc. La musique est pour moi un moyen d’alerter et pour les femmes de s’émanciper. Je l’ai notamment compris à travers les messages forts véhiculés par des chanteuses et porte-voix féministes africaines telles qu’Angélique Kidjo et Miriam Makeba. Alors en 2016, j’ai lancé un appel à la radio locale pour recruter des filles et former un orchestre. Nous avons ensuite signé avec le label français Born Bad Records qui a décidé de produire notre premier album, sorti fin 2020.
Qu’est-ce qui vous a poussées à rejoindre cet orchestre ?
Sandrine Ouei : J’avais envie d’apprendre à jouer d’un instrument. Ensuite, c’est le projet que défend le Star Féminine Band : la valorisation des femmes. Ici où nous vivons, dans la région de Natitingou, au nord-est du Bénin, nos droits sont bafoués. Quand nous regardons la vie de nos mamans, nous ne sommes pas encouragées à grandir dans la joie, mais plutôt à nous marier jeunes…