Sophie Guillaume : Passeuse de science [France]
La tête tournée vers le ciel, des jumelles sur le nez, Sophie Guillaume n’a pas peur des torticolis. Sur le pont d’un bateau ou en bord de mer, cette guide-ornithologue de la station de la Ligue de protection des oiseaux de l’Île-Grande, dans les Côtes-d’Armor, fait découvrir la richesse de la faune sauvage aux touristes et aux élèves. Avec ses colères et ses raisons d’espérer.
Texte et photos de Manon Boquen
Paru dans Femmes ici et ailleurs #40, novembre-décembre 2020

Le spectacle est grandiose. Survolant la mer, des milliers de fous de Bassan – d’imposants oiseaux marins beiges et noirs pouvant atteindre 1,80 mètre d’envergure – tournoient à la recherche de nourriture dans les lueurs matinales. Sur le pont du bateau, micro à la main, Sophie Guillaume commente le spectacle fascinant de ces migrateurs venus se reproduire sur Rouzic, l’un des îlots de l’archipel des Sept-Îles, près de Perros-Guirec, dans les Côtes-d’Armor. “Savez-vous comment ils pêchent ?”, lance l’ornithologue, la peau marquée par le grand air, au public de vacancier·ère·s venu·e·s admirer la faune sauvage de cette réserve naturelle. “Ils plongent à pic à 100 km/h dans l’eau pour gober le poisson.”
Des secrets sur les oiseaux, Sophie Guillaume en a plein sa sacoche. Elle les distribue à volonté lors de ses excursions sur les abords de l’Île-Grande, en Bretagne nord, où elle a accosté en 2002 pour devenir l’un·e des trois salarié·e·s de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). L’été, auprès des touristes, l’hiver avec les élèves des écoles du coin, la quadragénaire a le même objectif : éveiller les esprits à la richesse naturelle de la région. “Je ne suis pas là pour réciter un catalogue de noms latins”, assure celle dont la devise est : “De l’ignorance naît la bêtise.”
Carence d’iode