Soazig Barthélémy, entrepreneure à grande échelle [France]

À la tête de l’association Empow’Her, Soazig Barthélemy, vingt-sept ans, aide des femmes micro-entrepreneures des pays du Sud à gérer leur entreprise. Non sans risques, elle lance un réseau mondial de l’entrepreneuriat féminin.
Par Lynda Zerouk
Paru dans Femmes ici et ailleurs #15, été 2016
On le devine au son de sa voix posée. Soazig Barthélemy a suivi une scolarité “très studieuse”. Du lycée en double cursus français-allemand en Bretagne jusqu’à l’ESCP Europe à Paris, doyenne mondiale des écoles de commerce, c’est un parcours sans faute. “Le nez toujours dans le guidon”, dit-elle. Mais arrivée à Paris en 2009, elle trouve enfin le temps pour s’intéresser aux sujets internationaux et sociaux qui l’agitent, parmi lesquels les droits des femmes. L’étudiante commence par s’impliquer dans un club de diplomatie, où elle prend part à des simulations onusiennes. “Je me suis inscrite spontanément au comité sur le statut des femmes, c’était passionnant”, lance-t-elle. “Ce comité a été le fil rouge de mon parcours. Plus j’apprenais sur le sujet, plus j’avais envie d’y consacrer tout mon temps”. C’est ce qu’elle fera dès 2011.

À seulement vingt-deux ans, Soazig Barthélemy réunit alors autour d’elle cinq étudiantes et étudiants et fonde l’association Women Take the Micro. Objectif : former des femmes micro‑entrepreneures. Avec le soutien financier de son école, elle monte le projet, recherche les partenariats, prend des cours intensifs de khmer pour se rendre au Cambodge, où elle restera quatre mois, avant de partir deux mois au Sénégal. Six mois au total, dans des milieux très ruraux entre des cultivatrices de riz et de maïs ou encore des éleveuses de poulets.
Très vite, elle comprend comment ces femmes – qui avaient accès à des systèmes de micro‑finance – travaillent et comment les accompagner. “On s’est rendu compte du potentiel de création, de valeurs, de richesses, d’espoirs et de perspectives de ces femmes micro-entrepreneures, pas seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour leurs familles et leurs communautés”, explique Soazig Barthélemy, marquée par l’œuvre de l’économiste indien Amartya Sen. “Mais il y avait tant de barrières extérieures liées à l’accès aux financements, à l’éducation – toutes n’étant pas forcément lettrées – et de barrières mentales, qu’elles n’avaient aucune vision positive de leur statut et de ce qu’elles étaient capables de faire. Si bien qu’à notre retour, nous avons décidé de poursuivre ce qui, initialement, n’était qu’un projet étudiant.”