Shaparak Shajarizadeh : La liberté dévoilée [Iran]
Pour avoir protesté dans les rues de Téhéran contre l’obligation du port du voile en Iran, Shaparak Shajarizadeh a été condamnée à vingt ans de prison, dont deux ferme. Exilée au Canada, sa voix continue de résonner pour la liberté des femmes.
Par Louise Pluyaud
Paru dans Femmes ici et ailleurs #42, mars-avril 2021
Une femme ordinaire. C’est ainsi que se présente Shaparak Shajarizadeh. Une Iranienne mère au foyer parmi d’autres, qui, un jour de février 2018, n’a plus supporté de se taire. Révolte qui lui valut d’être distinguée en 2018 par la BBC comme l’une des cent femmes les plus inspirantes au monde et qui l’oblige, à près de quarante-cinq ans, à vivre en exil, au Canada, loin de sa famille. “Mes parents sont âgé·e·s et je m’inquiète de la pandémie”, s’attriste-t-elle.

Le symbole de l’oppression
En Iran, l’inégalité des sexes est institutionnalisée. Pour ouvrir un compte en banque ou divorcer, une femme doit obtenir l’accord de son mari. C’est “une extrême lassitude” qui a motivé Shaparak Shajarizadeh à prendre part au mouvement des Mercredis Blancs, initié par la journaliste Masih Alinejad, exilée elle aussi, aux États-Unis. “Elle appelait les Iraniennes à ôter leur voile en public tous les mercredis et à diffuser l’image de ce moment de liberté furtive”, explique-t-elle.
Le 27 décembre 2017, Vida Movahed est l’une des premières à agir. La photo de “la fille de la rue Enghelab” a été partagée dans le monde entier. Shaparak Shajarizadeh lui emboîte le pas, voile blanc au bout d’une baguette. “Je l’ai tenu jusqu’à ce que j’aie mal au bras. Des hommes et des femmes m’applaudissaient. D’autres m’insultaient.”
Emprisonnée