Santé : Ni vu, ni connu le postpartum !
La naissance d’un enfant, moment censé être magique dans la vie des mères, n’est pas toujours synonyme de bonheur et de plénitude. Une bonne part d’entre elles connaissent une période de “moins bien”, allant de l’épisode dépressif léger jusqu’à la dépression postpartum sévère. Des difficultés fréquentes, mais toujours mal connues et reconnues.
Texte de Muriel Salle, maîtresse de conférence, experte Femmes et santé
Publié dans Femmes ici et ailleurs #49, mai-juin 2022
Le postpartum est d’abord une période temporelle, une “phase plus ou moins étendue qui commence à la suite d’un accouchement et s’étend jusqu’à on ne sait trop quand”, résume Ilana Weizman, doctorante en sociologie. Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, le postpartum s’achève à la réapparition des règles (six à huit semaines après l’accouchement, jusqu’à douze semaines si la mère allaite). C’est une étape physiologique normale, mais bouleversante sur tous les plans.
Physiquement tout d’abord. Si les organes génitaux sont en première ligne, l’ensemble du corps est concerné. L’utérus, qui a pu atteindre 1 700 grammes et 34 centimètres de hauteur au terme de la grossesse retrouve son poids et sa taille d’origine, soit 70 grammes et 8 centimètres. Cette rétraction considérable s’accompagne de “tranchées utérines”, des contractions douloureuses, dont l’intensité augmente avec le nombre des naissances et qui durent de deux à six jours.
S’y ajoutent pendant trois semaines des pertes sanguines, dites “lochies”. La vulve et le vagin reprennent leurs dimensions normales, l’éventuelle épisiotomie cicatrise, les muscles et les ligaments périnéaux distendus retrouvent leur tonus, précédant en cela les muscles de la paroi abdominale, ramollie après l’accouchement. Et les seins se modifient, avec ou sans allaitement… Sur le plan hormonal, le taux d’œstrogène s’effondre : il est divisé par cent en quelques jours.