Le mot : Rose
Par Rebecca Amsellem
Paru dans Femmes ici et ailleurs #27, septembre-octobre 2018
Vous vous souvenez de la Women’s March le lendemain de l’investiture de Donald Trump aux États-Unis ? Des centaines de milliers de femmes ont défilé avec leurs pussy hat, ces bonnets roses symboles de la résistance des femmes contre le nouveau président américain. L’événement marquait un véritable retournement de situation : le rose n’était, jusqu’alors, pas porté dans le cœur des féministes. Elles avaient même plutôt tendance à dénoncer l’omniprésence de cette couleur dans les jouets et les vêtements des petites filles.

Assez étonnamment, le rose et le bleu n’ont pas toujours été utilisés pour distinguer les attributs des deux sexes. La tradition vient du trousseau confectionné pour les bébés1 à partir du XIIe siècle. Tout y était alors blanc, symbole d’innocence et signe de propreté. Assez rapidement, néanmoins, les vêtements pour les garçons furent roses et ceux pour les filles, bleus. Hein ? Du rose pour les garçons et du bleu pour les filles ? Oui, vous avez bien lu. Au nom de la religion. Dans le catholicisme, le bleu signifie le renoncement, alors que le rose est symbole de pouvoir. Déjà au Moyen-Âge, les filles étaient encouragées à développer une personnalité effacée, tandis que les garçons pouvaient braver tous les dangers.