Ralyn Satidtanasarn : En guerre contre les plastiques [Thaïlande]
Ralyn Satidtanasarn, dite “Lilly”, surnommée aussi la “Greta Thunberg thaïlandaise” est une adolescente engagée et très investie dans la cause environnementale.
Par Louise Audibert
Paru dans Femmes ici et ailleurs #49, mai-juin 2022

Pour réussir à joindre et rencontrer Ralyn Satidtanasarn, alias Lilly, il aura fallu redoubler de persévérance. À bientôt quinze ans, l’adolescente thaïlandaise a déjà un emploi du temps de ministre. En plus de son père qui lui sert de manager, un assistant prend les messages et les rendez-vous. Pas de doute, Lilly, la “Greta Thunberg thaïe ” joue déjà dans la cour des grand·es.
Tout a commencé il y a presque sept ans, pendant ses vacances. En se promenant sur les plages thaïlandaises, Lilly est horrifiée par le nombre de sacs plastiques qui jonchent le sol. Tous les matins, à la première heure, elle les ramasse, inlassablement. Mais les jours suivants, la mer apporte de nouveaux déchets. “J’ai alors pris conscience que mon action individuelle ne suffisait pas et qu’il fallait que je trouve une solution plus radicale.”
Elle écrit au Premier Ministre thaïlandais pour le sommer de nettoyer les côtes. “Quelques semaines plus tard, j’ai reçu une réponse par mail indiquant que cela ne me regardait pas, que je ferais mieux de me concentrer sur mes études et que la pollution n’était pas du ressort du gouvernement mais des compagnies qui distribuent des sacs plastiques”, se souvient Lilly.

Ni une ni deux, l’enfant trouve les coordonnées des grands groupes de distribution et sollicite des rendez-vous avec leurs dirigeant·es. Pendant des mois, Lilly s’obstine et, à force d’insistance, accompagnée de ses parents, elle rencontre les responsables des plus grands réseaux de commerces comme les magasins Tesco ou 7/11. Après de longues négociations, en juin 2019, la préadolescente parvient à leur faire arrêter la distribution de sacs plastiques à usage unique un jour dans l’année.
“Puis une fois par mois, puis une fois par semaine, jusqu’à ce que certaines enseignes y renoncent totalement, se félicite-t-elle. Début 2020, soixante-quinze des grandes compagnies se sont engagées, aux côtés du gouvernement, à ne plus en donner à leurs client·es.” Boîtes en carton et sacs en papier ont commencé à remplacer les sacs plastiques dans les supermarchés. Jusqu’à la pandémie mondiale. “Tout est alors revenu à la “normale”. Mais j’ai au moins vu que mener un combat pouvait porter ses fruits.” L’adolescente a continué à agir sur le terrain, tout en rejoignant des ONG de protection de l’environnement comme Trash Hero ou Bye bye plastic bag… Quitte à sécher un peu les cours.
Lilly a repris l’école par correspondance. “Je peux aménager ainsi mon emploi du temps comme je l’entends pour continuer à m’investir dans des actions concrètes”, sourit-elle. Le 28 mars, elle rencontrait la Nigériane Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale de l’ONU et présidente du groupe des Nations unies pour le développement durable, pour parler de l’urgence climatique et des réformes à mettre en place. Lilly souhaite désormais créer sa propre association, pour aussi montrer que même une adolescente peut changer le monde. ●