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Quatrième Journée nationale contre le sexisme

Le 25 janvier aura lieu, pour la quatrième année, la journée nationale contre le sexisme. Elle est organisée par le collectif Ensemble contre le sexisme, qui rassemble des associations, réseaux et instances mobilisé·e·s pour lutter contre le sexisme sous toutes ses formes et dans tous les secteurs. L’événement, sur le thème des violences économiques, aura lieu en ligne. Le Club Femmes ici et ailleurs est partenaire de la manifestation.

Rencontre avec les co-présidentes d’Ensemble contre le sexisme : Catherine Ladousse, co-fondatrice et présidente honoraire du Cercle InterElles, qui agit en faveur de la mixité et de l’égalité professionnelle dans les secteurs scientifiques et technologiques, et Moïra Sauvage, journaliste et administratrice du réseau d’association Excision, parlons-en.

Propos recueillis par Aude Stheneur, Femmes ici et ailleurs

Quelle est la raison d’être d’Ensemble contre le sexisme ?

Catherine Ladousse : Nous avons commencé à réunir des associations qui ne se rencontraient jamais, pour la première fois en 2016, dans le sillage de la campagne “Sexisme, pas notre genre”, initiée par la ministre Laurence Rossignol. Se rencontrer était très riche, car nous sommes toutes confrontées aux mêmes inégalités dans nos secteurs : la culture, le sport, les réseaux professionnels, les médias… Ce qui nous réunit, c’est la lutte contre le sexisme. Nous avons commencé à travailler ensemble et nous sommes constitué·e·s en collectif à la rentrée 2017. Le 25 janvier 2017 a été la première Journée nationale contre le sexisme. Ensemble, nous essayons de trouver des solutions concrètes, mesurables, qui puissent être utilisées dans nos différents domaines.

Moïra Sauvage : Nous sommes deux co-présidentes qui représentons deux aspects du féminisme : Catherine Ladousse est spécialiste des réseaux professionnels et des grandes entreprises. Moi, je me suis toujours concentrée sur la lutte contre les violences. Avec Ensemble contre le sexisme, c’est la première fois que je côtoie ce type d’associations, dans un même but et avec les mêmes actions. J’ai le sentiment, après quarante ans de féminisme, d’arriver enfin aux racines des inégalités.

La quatrième journée nationale contre le sexisme, qui aura lieu le 25 janvier, a pour thème les violences économiques. Pourquoi avoir retenu cette thématique ?

Catherine Ladousse : Aujourd’hui, nous traversons une crise forte qui impacte particulièrement les femmes. Mais les violences économiques, qui entravent complètement la liberté des femmes, n’ont pas attendu la pandémie. En groupes, les associations ont travaillé sur trois sphères : privée, professionnelle et institutionnelle. Ce mélange d’expertises permet d’arriver à des solutions concrètes et originales pour lutter contre le sexisme. Avant même la journée, le travail entre les associations est important.

Moïra Sauvage : Les femmes savent bien lorsqu’elles sont insultées ou frappées, mais la violence économique est encore ignorée. Pourtant, elles finissent par se rendre compte que l’argent est aussi un moyen d’emprise. Cette violence économique peut aussi être appliquée par la société elle-même : les femmes n’ont pas eu le droit d’avoir un carnet de chèque sans autorisation de leur mari avant la fin des années 1960. Nous voudrions publier un violentomètre des violences économiques, pour que les jeunes femmes, quand elles ouvrent un compte en banque, aient conscience des risques lors de la séparation. Nous soulignons aussi la nécessité d’aménager les temps de vie. Dans l’éducation civique et morale, il faudrait initier les enfants dès la primaire à la gestion d’un budget, de l’argent. D’où l’idée de ce titre : “Parlons argent”.
Dans la sphère professionnelle, nous voulons souligner l’importance des réseaux et les difficultés d’accès aux financements. Pour l’institutionnel, il s’agira surtout de l’égaconditionnalité, avec la participation de Brigitte Grésy, présidente du Haut Conseil à l’Égalité. Il s’agit de faire en sorte que toutes les aides et financements publics soient dirigés vers des entreprises et organisations qui respectent l’égalité femmes-hommes. Ce n’est pas une nouvelle demande, mais elle est toujours légitime.

Quels sont les objectifs principaux de cette journée ?

Moïra Sauvage : De renouveler notre appel pour que la Journée nationale contre le sexisme soit officielle. Nous n’avons pas encore obtenu de réponse du Président de la République, qui est décisionnaire en la matière. Lorsque nous évoquons la nécessité de cette journée, on nous répond qu’il existe déjà le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, et le 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Mais les violences ne sont pas la même chose que les droits des femmes et la racine des inégalités, le sexisme, doit être abordée. La direction régionale des droits des femmes va être présente. Nous voulons sensibiliser dans tous les territoires.

Catherine Ladousse : Nous allons soumettre un certain nombre de propositions concrètes à la ministre chargée de l’Egalité, Elisabeth Moreno. L’objectif est également que le large public se rende compte des comportements sexistes sous toutes ces formes. Nous voulons encourager les femmes et les hommes à prendre conscience que les violences économiques sont un obstacle à la liberté et aux droits fondamentaux. Les femmes ne sont toujours pas présentes dans les métiers les plus rémunérateurs, par exemple. Il y a tout de même des évolutions : de nombreuses entreprises organisent des formations sur les stéréotypes. Mais avec la crise, ces avancées prennent du retard. Comme la loi pour le nombre de femmes dans les comex qui n’est pas mise en place car le plus important, c’est la relance.

Quels sont les freins qui persistent encore dans la lutte contre le sexisme ?

Moïra Sauvage : J’ai l’impression que ce sont les freins que chacun·e a en tête, via la culture et l’éducation. Mais il faut accepter, en tant que féministe, comme pour tous les grands mouvements qui ont changé nos sociétés, que les évolutions prennent du temps. Il n’y a pas longtemps, j’ai vu à la télévision une journaliste interviewer une ministre. Quand j’étais petite, cette situation n’aurait pas été possible. Et tout ce que nous faisons, à l’image de cette journée contre le sexisme, va contribuer à changer les choses.

Catherine Ladousse : Il y a toute une série de freins, dans chaque secteur, notamment le manque de rôles modèles. Mais je crois beaucoup en la nouvelle génération, qui part déjà sur une base plus égalitaire.

Le collectif Ensemble contre le sexisme est composé de :
AAFA-Tunnel des 50 – Administration Moderne – Assemblée des femmes – Astrea – BECOMTECH – BPW France – CentraleSupélec au Féminin- Centre Hubertine Auclert – Cercle InterElles – Chiennes de garde – Conseil national des femmes françaises – Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF) – Excision, parlons-en ! – Femmes Ingénieurs – Femmes pour le Dire Femmes, pour Agir (FDFA) – Femmes solidaires – Femix’Sports – Fédération Nationale des CIDFF (FN-CIDFF) – Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) – Financi’Elles – Fondation des Femmes – Global Contact – Grandes Ecoles au Féminin – Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) – JUMP – Laboratoire de l’Egalité – Mouvement HF – Mouvement français pour le Planning familial – Observatoire de la qualité de vie au travail- ONU Femmes France – Politiqu’elles – Prenons la Une – Sciences-Po au féminin – Social Builder – Toutes Femmes, Toutes Communicantes – Union des Jeunes Avocats (UJA) – Women in Networking (WIN) – Women Safe.