Santé : Quand le sexe fait souffrir
Méconnue du grand public et même des professionnel·le·s de santé, la vulvodynie, qui entraîne notamment des douleurs intenses lors de la pénétration, est rarement diagnostiquée et soignée. Elle touche pourtant de nombreuses femmes et affecte tant leur vie sexuelle que leur santé mentale.
Par Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #39, septembre-octobre 2020
“Lors des rapports sexuels avec mon conjoint, je ressentais une douleur intense, comme un mur infranchissable. J’ai consulté plusieurs gynécologues et passé de nombreux examens pendant six ans sans avoir de vrai diagnostic. Un jour, le mot est sorti : vestibulodynie”, témoigne Pauline, vingt-neuf ans. La vestibulodynie désigne une sensibilité cutanée du vestibule, c’est-à-dire l’entrée du vagin. Les femmes qui en sont affectées souffrent lorsque quelque chose y est introduit, qu’il s’agisse d’un pénis ou d’un tampon. La vestibulodynie est l’une des formes de la vulvodynie, littéralement “douleur de la vulve”, qui peut exister sans être provoquée par un contact.

Le parcours de la combattante
Bien qu’elle concerne 10 à 28 % des femmes, la vulvodynie reste méconnue des professionnel·le·s de santé. “Les questions de sexualité féminine sont encore ignorées. Les vulvodynies ont été inscrites au registre des maladies très récemment : leur définition officielle date de 2015. Le corps médical n’est pas formé”, explique Camille Tallet, sage-femme spécialiste de la prise en charge des douleurs gynécologiques. D’où les longues périodes de doutes et de douleurs, qui peuvent durer jusqu’à une dizaine d’années, pour celles qui sont touchées par cette maladie.