Paysâmes : le projet de Johanne Gicquel qui met en lumière les agricultrices
Au sein du Club Femmes ici et ailleurs, nous avons la chance de compter des personnalités exceptionnelles, agissant dans des domaines très divers, en France et bien au-delà de nos frontières.
Johanne Gicquel a lancé le projet Paysâmes pour faire connaître les femmes dans l’agriculture.
Par Louise Hiernaux, Femmes ici et ailleurs

Pourriez-vous nous parler de votre parcours et des raisons qui vous ont amenée à lancer le projet “Paysâmes” ?
J’ai suivi une formation universitaire scientifique et suis diplômée en environnement. J’ai commencé ma carrière dans le milieu associatif para-agricole, en Bretagne. En 2006, j’ai fait le choix de devenir agricultrice-boulangère. J’ai monté mon projet et, pendant dix ans, j’ai vendu mes pains et mes légumes. Depuis longtemps, je voulais écrire et photographier l’agriculture. À ce jour, j’ai édité plusieurs livres sur le jardin, les zones humides, le littoral. Étant paysanne bio, j’étais souvent au ras de la terre et ai découvert une vie insoupçonnée, que j’ai voulu partager. Aujourd’hui, j’ai envie de poursuivre ce travail avec le projet “Paysâmes”. Mais surtout, je veux mettre en lumière les femmes dans l’agriculture car il y a encore beaucoup de chemin pour les rendre visibles. Il faut que le regard la société bouge, y compris dans ces métiers-là. Au-delà de parler du quotidien de ces paysannes, j’espère aussi participer à leur reconnaissance y compris sociale.

Vous avez prévu de réaliser dix portraits d’agricultrices. En avez-vous déjà rencontré quelques-unes ?
Pour l’instant, j’en ai rencontré six. Je compte réaliser un travail d’artiste-auteure. Je désire raconter des récits de vie et les mettre en perspective avec mon propre vécu du métier. J’ai intitulé mon livre “Paysâmes” car il est important pour moi de valoriser des femmes inspirantes, qui sont en réflexion sur leur parcours. Je me sens citoyenne en donnant des pistes aux lecteurs et lectrices qui peuvent ensuite se renseigner sur les différentes problématique abordées. Dans mon livre, je veux être très libre et réaliste quant à ce qu’est l’agriculture, ce qu’elle impose. Je ne veux pas être uniquement dans une approche esthétisante. J’ai nourri les corps pendant presque dix ans et dorénavant, j’espère nourrir la tête.

Quelle est la rencontre qui vous a le plus marquée ?
J’ai fait la connaissance de Fabienne qui a développé une activité d’accueil à la ferme. Cela fait vingt ans qu’elle est agricultrice. Après deux ans de travail de sélection de ses animaux, elle a appris qu’ils avaient le prion1. Par conséquent, tout son troupeau de vaches a été abattu. Cette histoire m’a touchée car elle pose la question : “Comment rebondir après une telle situation ?”. Toutes les mesures de précautions et le suivi vétérinaire sont extrêmement lourds à gérer dans les petites fermes. C’est une des réalités du métier que je vais aborder dans le projet “Paysâmes”. Je veux montrer la difficulté mais surtout, la force et la détermination dont ces femmes font preuve malgré tout.
Pourquoi avoir rejoint le Club Femmes ici et ailleurs ?
J’en ai entendu parler par une personne du coin, donc grâce au réseautage ! Cela fait longtemps que je pense que les femmes doivent prendre leur place. Et des revues comme Femmes ici et ailleurs y contribuent !
1. Protéine infectieuse