Zabou : “Pas plus bête qu’un mec” [France]
Actrice, réalisatrice, metteuse en scène… Avec un César et quatre Molières, Zabou Breitman n’a plus rien à prouver. Et pourtant. Elle signe aujourd’hui la coréalisation d’un film d’animation, Les hirondelles de Kaboul. Rencontre avec une artiste révoltée et infatigable.
Par Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #33, septembre-octobre 2019

Vous dites avoir grandi avec des parents féministes…
Oui, autant ma mère que mon père. J’ai été éduquée comme un être humain et non comme une fille ! J’ai été initiée à tous les genres cinématographiques et littéraires : des polars, des BD, Charlie Hebdo, des romans de cape et d’épée, La Comtesse de Ségur, de la science-fiction, Dracula… J’ai acquis ainsi un spectre de références et de codes beaucoup plus large que la plupart des femmes. Un jour, mon père a voulu m’apprendre à changer une prise électrique. Je lui ai répondu que c’était pour les garçons. Il m’a alors rétorqué : “Tu penses que tu es plus bête qu’un mec qui va changer une prise ?” Donc j’ai appris, évidemment.
Selon vous, c’est ce qui explique le manque de femmes dans l’industrie du cinéma, et notamment de l’animation ?
Il y a ces questions d’éducation mais aussi la chasse gardée des hommes. Il faut passer par la discrimination positive. Sans elle, Spike Lee ne ferait pas de films et Obama n’aurait pas été président. Un garçon noir doit pouvoir se dire qu’il sera acteur et une fille qu’elle sera ministre ou astronaute.