Santé : Pas égales face aux addictions
L’accès aux soins pour les femmes dépendantes est souvent plus tardif que pour les hommes et leur prise en charge peu différenciée, malgré des spécificités féminines importantes dans l’addiction, tant sociales que physiologiques.
Par Cécilie Cordier
Paru dans Femmes ici et ailleurs #34, novembre-décembre 2019
“J’ai encore du mal à me sentir légitime comme professionnelle alors que j’ai été irresponsable : je suis allée en stage en crèche en étant alcoolisée.” Sabine* a vingt-quatre ans et veut reprendre ses études d’auxiliaire de puériculture, abandonnées en 2018 pour soigner sa dépendance à l’alcool. Après trois cures de sevrage, elle est aujourd’hui abstinente depuis plusieurs mois. Dès son premier verre à dix-huit ans, sa consommation avait augmenté au rythme des fêtes, “pour dépasser l’anxiété sociale”. À vingt et un ans, toutes ses économies passaient dans la boisson et elle ne quittait plus son lit. Sabine s’est enfermée dans sa honte. Son addiction lui a coûté ses études d’infirmière, puis d’auxiliaire de puériculture.

Une perte de respectabilité
“La consommation peut avoir débuté pour faire comme tout le monde et un jour une vulnérabilité fait plonger dans l’addiction. Il faut alors un sevrage avec les bons produits. La volonté ne suffit pas, rappelle Conchita Gomez, présidente de l’association nationale des sages-femmes tabacologues. Mais les femmes sont plus stigmatisées que les hommes, donc elles se cachent et arrivent plus tardivement en soins.”