Le mot : Parité
Tous les deux mois, La Petite Roberte ramène sa science : souvent énervée, toujours engagée, volontiers caustique, sa mission est d’éclairer les expressions et concepts parfois obscurs pour parler d’égalité femmes-hommes et partager une réflexion féministe sur des mots de tous les jours.
Par La Petite Roberte
Paru dans Femmes ici et ailleurs #44, juillet-août 2021
Dès le début, l’affaire partait pour être compliquée. Le terme de parité vient de ” pair” qui (sans même parler de l’homophonie ”père”) nous conduit dans les contrées exclusivement masculines du très haut pouvoir politique, comme celui des douze pairs de France ou bien, outre-Manche, des pairs d’Angleterre, c’est à dire les Lords1. Le féminin ”paire” est déjà plus rassembleur. ”Pair” désigne le semblable, quand ”paire” associe les semblables (ainsi, les pairs font la paire). En revanche, la paire féminine évoque moins l’autorité que le quotidien (une paire de lunettes), voire le trivial, selon l’expression favorite de Jacques Chirac.

Le concept de parité en politique a mis très longtemps pour imposer une évidence : les élu·e·s sont des personnes de chair et d’os, pas des idées abstraites et elles et ils ont, entre autres, un genre. Or, dans notre langue, ainsi que dans tout le reste de notre société, le “neutre” est mâle. La philosophe Sylviane Agacinski fait ainsi remarquer que ”l’effacement d’un sexe ne laisse jamais place à la neutralité, mais à l’autre sexe. On ne l’oublie que parce qu’on a déjà placé le masculin et ses modèles à la place de l’universel”.