Les Orchidées rouges : Lutter contre l’excision [France]
À Bordeaux, l’association Les Orchidées rouges, qui dispose depuis septembre 2020 d’une unité de soins, offre un accompagnement global aux femmes et aux filles victimes d’excision, de mariages forcés et autres violences. Objectif : qu’elles puissent se réapproprier leur corps, leur sexualité et leurs droits.
Par Emma Gomez avec Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #42, mars-avril 2021
Le 7 décembre 2016 marque, pour Kakpotia Marie-Claire Moraldo, le jour de sa seconde naissance. Ce jour-là, après avoir été excisée à l’âge de neuf ans en Côte d’Ivoire, elle bénéficie d’une chirurgie réparatrice ; une opération qui lui était devenue indispensable : “Ma nudité me rappelait l’excision, quand je faisais la cuisine, le couteau me rappelait l’excision”, confie-t-elle. Elle hésite à avoir des relations intimes avec un homme qui lui plaît. Auparavant, un autre l’a repoussée, considérant qu’elle ne serait jamais “une vraie femme”.

Ces mutilations génitales, dont le but premier est d’exercer un contrôle sur la sexualité de la femme, sont une façon de la “déposséder de son corps et de tous ses droits fondamentaux”, souligne Kakpotia Marie-Claire. Sa reconstruction par la chirurgie lui permet de “retrouver une paix intérieure. Je me sens légère, je me laisse porter par le vent de la vie. Et se retrouver, être en paix avec soi-même, conduit à attirer les bonnes personnes”, dit-elle. Ce bonheur, elle souhaite le faire connaître aux autres femmes victimes d’excision. Mais les associations manquent en province. “Hors de Paris, c’est souvent le désert.” En mars 2017, elle fonde à Bordeaux les Orchidées rouges, une fleur qui symbolise à ses yeux “le courage et la persévérance” mais surtout “le désir ardent de faire l’amour”.