Omeima Abdeslam : Ni soumission, ni résignation [Sahara occidental]
Omeima Abdeslam est la représentante d’un pays qui, juridiquement, n’existe pas. Elle consacre sa vie à la reconnaissance et à la survie de son peuple du Sahara occidental par la communauté internationale. Et craint qu’un conflit n’embrase à nouveau à région.
Par Pierre-Yves Ginet
Paru dans Femmes ici et ailleurs #26, juillet-août 2018
Omeima Abdeslam voit le jour sur la côte Atlantique du Sahara occidental en 1973, la même année que le mouvement indépendantiste, le Front Polisario, créé pour lutter contre l’occupation espagnole de l’époque. Deux ans plus tard, le Maroc annexe cette zone grande comme la moitié de la France, anticipant le départ, en 1976, des autorités de Madrid. La guerre éclate. La famille d’Omeima Abdeslam, anticolonialiste, fuit en 1978 vers un camp de réfugié·e·s, au sud de l’Algérie, près de Tindouf (selon le HCR, plus de 170 000 Sahraoui·e·s vivent aujourd’hui dans ces camps). En 1991, un cessez-le-feu est signé sous l’égide de l’ONU. Cet accord prévoit un référendum d’autodétermination qui n’a jamais eu lieu.

Après des études à Cuba, la jeune ingénieure revient dans “son” camp de réfugié·e·s de Dakhla en 1995, pour agir concrètement. “La plupart des femmes ne pouvaient pas quitter leur famille pour étudier. Je me suis dit : ’si la montagne ne va pas à Mahomet, Mahomet va à la montagne‘”. Omeima Abdeslam ouvre en 1999 la première école pour femmes des camps. Les étudiantes ont entre quinze et soixante ans. “Nous avons élargi le réseau de formation pour que les réfugiées aient le choix : informatique, langues, photographie, tissage, tricotage, couture, agriculture, électricité”, énumère-t-elle.