Néné Fatou Maricou : l’élan de la jeunesse [Sénégal]

Néné Fatou Maricou préside un mouvement national de filles et jeunes femmes leaders du Sénégal (Youth Women for Action). Des réseaux sociaux jusqu’aux plus hautes instances politiques, elle porte la voix d’une jeunesse libérée et féministe.

Par Louise Pluyaud
Paru dans Femmes ici et ailleurs #39, septembre-octobre 2020

“Ce que je fais dans la vie ? Féministe !”, revendique fièrement Néné Fatou Maricou. Un mot qu’au Sénégal, “nombreuses sont les jeunes femmes – et hommes – à porter en étendard”, observe cette militante de trente ans, que nous avions retrouvée en février à la terrasse d’un restaurant de Dakar. Elle trinquait alors avec ses sœurs de lutte. Grâce à leur mobilisation, l’Assemblée nationale venait de voter le projet de loi criminalisant le viol, qui n’était jusqu’alors qu’un délit. Néné Fatou Maricou reste prudente : “Les droits des femmes connaissent une amélioration significative, encore faut-il les faire respecter.” D’où la création, en 2013, de son Réseau des filles et jeunes femmes leaders du Sénégal, aussi appelé Youth Women for Action (YWA), “pour informer les jeunes filles sur leurs droits” à travers des ateliers de formation et des cafés juridiques dans les villages et les écoles.

Née à Tambacounda, à cinq cents kilomètres de Dakar, Néné Fatou Maricou mûrit son activisme dans l’un de ces clubs où l’on parle ouvertement de santé sexuelle, de planification familiale, des violences machistes ou d’excision. Au Sénégal, en dépit d’une loi adoptée en 1999, et bien que la fréquence de ces mutilations génitales diminue, la pratique persiste. Néné Fatou Maricou en a elle-même été victime. “Les plus grandes résistances sont d’ordres social, religieux et culturel, mais là aussi les mentalités évoluent.”