Nasreen Sheikh : Pour l’indépendance des filles [Népal]
Au Népal, une fille sur trois est mariée avant l’âge de dix-huit ans. Pour sortir les femmes de l’exploitation, Nasreen Sheikh a ouvert un atelier d’artisanat équitable. Elle alerte sans relâche l’opinion publique occidentale sur les violations des droits fondamentaux des Népalaises.
Par Christine Laemmel
Paru dans Femmes ici et ailleurs #27, septembre-octobre 2018
“Plus tu gardes le silence, plus tu es en sécurité”, avait lancé la Népalaise Nasreen Sheikh, vingt-cinq ans, glaçant l’assemblée lors d’une conférence TEDx, le 10 février dernier. Dans son pays, 40 % des filles sont forcées de se marier avant leur majorité, d’après l’ONG Human Rights Watch. “J’ai grandi dans un village où des hommes battent leur épouse parce que le dîner n’est pas à leur goût, raconte-t-elle. J’ai vu des femmes qui préféraient se suicider plutôt que de supporter cette emprise. Quand ma mère m’a dit que le mariage forcé précoce était notre culture, j’ai compris que le seul moyen d’y échapper serait la fuite.”

Nasreen Sheikh n’est âgée que de dix ans quand elle rejoint son grand frère à Katmandou, à 1 000 km de chez elle. Pour survivre, elle trime quinze heures par jour dans un atelier clandestin. L’adolescente décide d’utiliser ses compétences de couturière pour lutter en même temps contre le travail des enfants, l’exploitation des femmes et la violation des droits humains. L’idée mûrit pendant sept ans. En 2012, Local Women’s Handicrafts, une boutique d’artisanat équitable, voit officiellement le jour.