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Mérolie Mbeya : une ferme écologique au Congo

Au sein du Club Femmes ici et ailleurs, nous avons la chance de compter des personnalités exceptionnelles, agissant dans des domaines très divers, en France et bien au-delà de nos frontières.

Mérolie Mbeya a créé une ferme écologique au Congo Brazzaville. 

Propos recueillis par Lune Sayer, Femmes ici et ailleurs

Comment êtes-vous arrivée à créer votre ferme écologique au Congo ? 

Je suis arrivée en France il y a cinq ans mais j’ai toujours gardé un lien avec le Congo en y retournant régulièrement. Ici, en France, j’ai été surprise de voir que sur les marchés, les produits vendus étaient parfaits. Lorsque que j’ai compris que, derrière, se cachait une agriculture polluante et nocive pour la santé, j’ai regretté l’Afrique où les produits des marchés sont plus sains. Au cours de mes différents retours au Congo, j’ai remarqué que de plus en plus d’agriculteurs et agricultrices reprenaient les techniques importées d’Europe avec des intrants, des pesticides etc., mais leur utilisation n’était pas réglementée. J’ai donc créé une ferme avec mes propres fonds : j’ai acheté 5 000 m² de terres pour mettre en place un projet durable afin de lutter contre la famine, la pauvreté, et dans le respect de l’environnement. C’est aussi une ferme-école où l’objectif est de prouver aux habitant∙e∙s, et surtout aux jeunes qui se lancent, qu’il est possible de produire avec des techniques adaptées à son milieu. C’est donc un lieu de tests : nous reprenons les techniques d’agriculture ancestrales et nous les adaptons pour obtenir des meilleurs rendements. Aujourd’hui, la ferme emploie sept femmes et quatre hommes et nourrit une cinquantaine de personnes. 

Dans quel but avez-vous créé l’association Kimvuka Mvuala Tatu  ? 

Je viens de créer cette association, car j’ai besoin de soutien. N’étant pas agricultrice, j’observe et j’apprends mais j’ai besoin que d’autres qui pratiquent la permaculture, l’agroécologie, l’agriculture biologique ou qui auraient des idées ou des conseils m’épaulent dans ce projet. Kimvuka Mvuala Tatu, l’association des trois pouvoirs : l’agriculture, le commerce et l’industrie. Pour moi, ce sont trois domaines où il faut œuvrer pour lutter contre les problématiques de famine et de malnutrition. Avec cette association, j’espère aussi pouvoir créer une coopérative au sein de la ferme avec des outils plus adaptés, motorisés, qui seront à disposition des agriculteur∙trice∙s pour améliorer leurs rendements et qu’ils et elles continuent à produire dans une logique durable. Aujourd’hui, au Congo, 96% des produits maraichers sont importés alors qu’avant les deux guerres civiles, la région du Pool, dans laquelle je suis installée, fournissait en quantité suffisante tous les produits maraichers nécessaires au pays.

Que vous apporte le Club Femmes ici et ailleurs ? 
J’ai été séduite par toutes ces femmes qui partagent ensembles des valeurs communes et qui s’aident dans leurs réalisations. Dans les autres médias, ce sont toujours des femmes accomplies, qui ont déjà réussi à mener leurs projets qui sont mises en valeur et il est compliqué de s’identifier à elles. Avec ce Club, j’ai découvert des femmes ordinaires qui font des choses extraordinaires et ça me donne aussi de la force dans ce que j’entreprends.