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Maud Raffray : Une charte d’engagement pour l’égalité

Au sein du Club Femmes ici et ailleurs, nous avons la chance de compter des personnalités exceptionnelles, agissant dans des domaines très divers, en France et bien au-delà de nos frontières.

Maud Raffray se définit comme activatrice de l’égalité femmes-hommes : à la tête de sa propre entreprise, elle propose de la formation, du conseil, de la programmation et de l’animation d’évènements dédiés aux questions d’égalité.

Propos recueillis par Emma Gomez, Femmes ici et ailleurs

Quel est votre parcours ?

J’ai passé une quinzaine d’années en tant qu’experte en gestion des services publics locaux, principalement dans le domaine de la culture. Puis, je suis devenue secrétaire générale du Voyage à Nantes, une des plus grosses sociétés publiques locales, qui rassemble les compétences culture et tourisme à Nantes. Mon engagement sur la cause de l’égalité femmes-hommes a pris de plus en plus de place, notamment par l’intermédiaire du réseau des Fameuses. J’ai décidé de professionnaliser cet engagement en créant ma propre entreprise.

© Manon Aubel

Dans le cadre des élections régionales des Pays de la Loire, vous travaillez sur une Charte d’engagement des candidat·e·s d’une liste, sur les questions d’égalité femmes-hommes. Quel est l’objectif de cette charte ?

L’idée est vraiment d’engager tout le monde de manière assez volontariste dans le sens de l’égalité femmes-hommes. Ce sujet doit faire socle, être un dénominateur commun aux futur·e·s élu·e·s. L’idée de la charte est de commencer à faire le pont entre une valeur générale et des engagements concrets, et de ne pas attendre d’être aux commandes de l’exécutif régional pour mettre en œuvre une politique d’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Quels sont les engagements clés de la charte ?

Avant de commencer à agir sur le fond, il faut être exemplaire en tant qu’équipe politique, notamment sur le partage effectif du pouvoir et des responsabilités, donc en sortant des stéréotypes de genre. Ce n’est pas suffisant, mais sans ça, c’est difficile de faire le reste. Que l’on soit dans les hautes sphères du pouvoir, dans les petites commissions ou dans des démarches de participation citoyenne, si l’on ne se pose pas cette question de la juste représentation des femmes et des hommes à tous les étages, nous aurons du mal à l’incarner.

Cette charte est novatrice, comment a-t-elle été reçue au sein même de votre groupe ?

À ma connaissance, c’est une innovation politique, on ne connaît aucune autre charte de ce type engageant à ce point les candidat·e·s d’une liste. Nous étions trois rédacteur·trice·s principaux·ales et le comité de pilotage de campagne a validé toutes les propositions. C’était une heureuse surprise, nous avons eu à la fois une liberté d’écriture et une liberté à la sortie, puisque tout a été accepté. J’espère qu’elle fera également consensus auprès de nos partenaires politiques à venir.

L’un des points de la Charte est le suivant : “S’engager à ne plus participer et intervenir à tout événement (plateau télévisé, radio, table ronde, jury…) dont les panels d’invités ne sont pas mixtes”. Ce type d’engagement est-il applicable ?

C’est un des engagements qui a une grande force symbolique et d’exemplarité. Une des façons d’assumer un engagement, c’est d’être clair sur ce que l’on n’acceptera pas. Cela ne sera pas forcément très simple, je pense qu’il y aura du travail d’alerte et de pédagogie à faire en amont, pour que nous ne soyons pas exposé·e·s à prendre des décisions trop coûteuses. Mais je pense qu’il faut se tenir prêt·e·s à prendre une décision difficile, et savoir s’en saisir pour mettre en évidence ce que l’on veut dénoncer.

© Couteau suisse productions

Quelle assurance avez-vous quant au respect de la charte par les signataires ?

Plus elle sera connue, à la fois sur le plan régional (collectifs et associations féministes) et sur le plan national (je trouverai formidable que d’autres listes, ailleurs, s’en emparent), plus elle engagera ceux qui l’ont signée. Je pense qu’elle ne pèsera que si elle arrive à s’imposer dans la campagne comme un élément incontournable du programme et du positionnement. Ce document, c’est aussi une sorte d’appel, pour que tou·te·s les féministes de la région et d’ailleurs s’en saisissent pour la rendre importante et incontournable et donc nous engager demain. Progressivement, il faudrait que cela devienne coûteux de ne pas agir dans ce domaine. J’aimerais faire un appel à l’action pour que cette charte soit reprise, remaniée, modifiée, qu’elle apparaisse dans d’autres régions, sur d’autres listes. Le but du jeu n’est pas de rester les seul·e·s à le faire.

La région des Pays de Loire n’est pas une région exemplaire en termes d’égalité femmes-hommes. Pensez-vous pouvoir la faire avancer avec cette Charte ?

C’est le but. Le fait de démarrer avec cette charte très en amont par rapport aux élections c’est aussi de faire monter et d’imposer cette problématique comme un sujet fondateur du prochain mandat et pas un sujet accessoire. La charte est une des pierres à l’édifice.

Que vous apportent le Club et le magazine Femmes ici et ailleurs ?

C’est un magazine dont je suis tombée amoureuse tout de suite, à la fois sur le fond et la forme. C’est vraiment un plaisir d’avoir un aussi bel objet qui ouvre des fenêtres sur plein de choses, à la fois lointaines et proches de chez soi, en nous faisant découvrir des initiatives. L’offre du Club est tellement pléthorique que l’on pourrait consacrer une partie de sa vie à en profiter, je trouve cela génial et frustrant à la fois, car je n’ai pas le temps de tout voir ou faire. C’est une formidable aventure, grâce à laquelle j’ai pu faire l’une de mes plus belles rencontres, Clémence Leveau. J’aime aussi cette perméabilité qu’il y a entre la sphère privée, la sphère professionnelle et la sphère militante, nous n’avons pas besoin de compartimenter, nous venons entièrement, ce qui est chouette.