Maryam Al Khawata [Bahreïn]

Dans la famille Al Khawaja, on a l’activisme dans le sang. La cadette, Maryam, a repris le flambeau de la contestation face au régime autoritaire des Khalifa, le clan régnant sur le petit Royaume de Bahreïn qui n’en finit plus de réprimer l’aspiration démocratique issue de son “printemps arabe”.

Par Lucile Albrecht et Sandrine Boucher
Paru dans Femmes ici et ailleurs #21, septembre-octobre 2017

Maryam Al Khawaja se souvient : “l’engagement politique de mes parents a toujours fait partie de leur quotidien”. Son père, cofondateur du Centre bahreïni des droits humains (BCHR), purge une peine de prison à vie. Son oncle, son beau-frère et sa sœur aînée sont passé·e·s derrière les barreaux. La jeune femme, elle, a dû quitter son pays en octobre 2014 après trois semaines de détention préventive, pendant lesquelles elle a été brutalisée. Elle a été depuis condamnée par contumace. “À Bahreïn, tou·te·s les défenseur·se·s des droits humains portent l’emprisonnement comme une légion d’honneur”, écrivait-elle en janvier 2015 dans la revue Foreign Policy.

L’exil est aussi omniprésent dans son parcours de vie. Maryam Al Khawaja voit le jour en 1987 en Syrie, où ses parents, opposant·e·s au pouvoir, s’étaient installé·e·s avec leurs deux filles. Réfugiée politique au Danemark l’année suivante, la famille ne rentre à Bahreïn qu’en 2001, où la jeune femme termine ses études. Elle rejoint, en 2010, le BCHR, dont elle devient vice-présidente. Son père la prévient : “Si tu veux être militante, fais-le parce que c’est une cause juste, pas en espérant des résultats. Sinon, s’ils ne sont pas au rendez-vous, tu t’épuiseras. Le combat pour les droits humains est très long. On peut attendre toute sa vie pour voir le fruit de son engagement.”