fbpx
HomeBlogMarie-Pierre Clément

Marie-Pierre Clément

Au sein du Club Femmes ici et ailleurs, nous avons la chance de compter des personnalités exceptionnelles, agissant dans des domaines très divers, en France et bien au-delà de nos frontières. Marie-Pierre Clément se passionne depuis l’enfance pour la poésie et son écriture. Retraitée, elle souhaite désormais publier ses textes dans un recueil de poèmes. Voici l’un d’entre eux.  

Propos recueillis par Anaëlle Borderes, Femmes ici et ailleurs

FEMMAGE 

Pour toutes celles qui meurent sous les coups, 
Je suis solidaire, je dis NOUS. 

Rien ni personne ne nous entend sous les coups qui résonnent… 
Sauf peut-être nos enfants qui se cachent en attendant demain. 

Rien ni personne ne nous voit le matin sombrer dans le silence…
Sauf peut-être nos voisins qui voient tout et ne diront rien. 

Rien ni personne ne nous tend la main quand nous murmurons « A l’aide » 
Sauf peut-être SOS Femmes Violence sur le douloureux chemin. 

Le mutisme des ON qui savent est le plus terrible des outrages, 
Pour toutes nos ombres abandonnées à l’horreur du dérapage. 

La violence dite familiale cachée par les « ce n’est pas possible » 
Fait que tous les trois jours, une femme meurt sous des coups terribles. 

Femmes abandonnées dans l’horreur quotidienne 
Quand serons-nous sauvées, reconnues, épaulez ? 

Femmes qui sait que toujours les coups reviennent 
Quand serons-nous écoutez, comprises, aidez ? 

Femmes niées par le silence lourd de l’entourage 
Quand serons-nous ce que veut dire la SOLIDARITÉ ? 

Femmes mutilées, violées, enfermées face au mâle sauvage. 
Quand verrons-nous des vrais hommes les arrêter ? 

Devant une montagne d’indifférence, seul se lèvent les Femmes Courages 
qui escaladent les pieds liés le volcan de la violence par temps d’orage. 

Femmes de tous les âges révoltons nous contre l’oppression ! 
Femmes dans la foule silencieuse criions notre indignation ! 

Femmes de tous les pays coordonnons nos actions ! 
Femmes de tous les horizons unissons-nous pour leur dire NON ! 

A tous ces hommes bêtes qui sous prétexte de mariage 
nous nie, nous mutile, nous viole, nous saccage. 

Il faut courageusement, sauvez les fantômes mamans, 
affronter le désespoir, avant que meurt aussi nos enfants. 

Cet utopique but à atteindre avec détermination et bon sens 
Nous raccroche à la vie, nous retrouvons l’espérance. 

Avec toutes les femmes battues qui sont dans la souffrance, 
Toutes nous levons la tête vers le sommet appelé délivrance. 

C’est dans le combat, chaque jour que nous prouverons à nos quasi-sœurs
que nous sommes à leurs côtés pour stopper les hommes bâtés sans cœur. 

Dénonçons Femmes Unies ce que nous avons appris à taire 
par une éducation dicter par les mâles sectaires. 

Osons Femmes Unies être debout et soutenir nos sœurs d’infortunes 
délaissées par un système qui mets en avant seulement la fortune. 

Parlons, racontons les tristes histoires qui nous volent notre âme 
Éradiquons le violence dite familiale, unissons-nous FEMMES ! 

Marie-Pierre Clément
Le 13 juillet 2016 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?  

J’ai 66 ans et j’habite à Chambéry, en Savoie, où j’ai vécu presque toute ma vie. Je suis quelqu’un de très actif. Outre mon métier de comptable, que j’ai exercé une bonne partie de ma vie, je fais aussi beaucoup pour des associations. Entre 2017 et 2019 par exemple, j’ai été nommée présidente de l’association Centre Social et Culturel de Pugnet qui intervient principalement dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. J’avais la charge de mettre en avant la culture et ai pu organiser des expositions, principalement de photos ou de reproductions de tableaux à côté desquels j’écrivais des poèmes. J’ai aussi cofondé l’association NousToutes73, en 2018, qui intervient en soutien des femmes victimes de violences en Savoie. 

La poésie est un genre littéraire très peu populaire dans nos sociétés contemporaines. Pourquoi écrire de la poésie aujourd’hui ?  

D’abord parce que c’est un genre qui me convient. Les textes sont courts ce qui en fait un genre souvent percutant. La poésie peut aussi voyager par d’autres formes, à travers la musique notamment et toucher un large public. Et puis je pense que la vie manque de poésie, d’émotions. Surtout, j’ai constaté qu’on était formatées par ce que l’école nous fait découvrir et que finalement nous sommes bercées presque exclusivement par des poètes hommes. Jacques Prévert, Federico Garcia Lorca, sont très connus et m’inspirent mais c’est tout de suite plus difficile de trouver de la poésie écrite par des femmes. En m’intéressant au féminisme, en rejoignant certains salons littéraires, en rencontrant plus de femmes, en ayant l’occasion de discuter entre nous, j’ai ouvert des portes vers d’autres femmes et leur travail, dans la littérature, dans la poésie mais aussi dans l’histoire. Depuis j’essaye de lire plus de poétesses, autant des contemporaines comme Marceline Desbordes Valmore ou Maram Al Masri, que des femmes qui éclairent le passé. Les écrivaines ne sont pas assez lues alors qu’elles apportent un autre point de vue, une autre façon de faire à laquelle je suis sensible. En écrivant de la poésie, j’apporte moi aussi ma pierre à l’édifice quelque part. 

Quelle relation avez-vous avec la poésie ? Comment écrivez-vous ? 

J’aime la littérature en général mais ma passion pour la poésie date de ma jeunesse. J’ai toujours beaucoup lu et mes premiers écrits remontent à mes 13-14 ans. Je faisais surtout des pastiches de ce que je lisais. En grandissant j’écrivais des textes plus personnels. Je vois la poésie comme une manière de rejoindre le sens et l’existence de la vie. En quelques mots, la façon dont vous les tournez, dont vous vous exprimez, le choix des mots, permet de faire ressortir autant de la douceur que de la colère. Et en même temps de traiter des sujets de société avec une voix différente. J’essaye de garder une certaine simplicité dans mes textes, comme le fait par exemple l’une de mes chouchous, la poétesse Prix Nobel de littérature, Gabriela Mistral. Je cherche à faire en sorte que des mots simples puissent exprimer des idées et des émotions que tout le monde puisse comprendre.

Pour moi ce qui compte, c’est le rythme et les mots. Ma façon de les associer est parfois assez surprenante. Comme j’aime ce qui est synthétique, j’écris d’abord et j’élague ensuite, je change des termes. Mais toujours avec cet attachement central à la simplicité et à rendre des émotions. Je cherche à ce que mes textes ne soient pas hermétiques, obscurs mais bien compréhensibles par tous et toutes. Mon travail tourne autour de deux démarches principales. D’un côté des textes écrits avec un support où je collabore avec des photographes, des peintres, des artistes que je rencontre et avec qui j’ai un feeling. Par exemple nous avons monté une exposition avec mon amie sculptrice sur terre, Laurette Dematteo dans sa salle d’exposition. Elle m’a parlé de ses sculptures et j’ai écrit des petits textes pour aller avec ses œuvres. Souvent quelques lignes, un peu comme un haïku, qui évoquent l’émotion que dégage la pièce exposée. Mais d’un autre côté, j’écris aussi des textes plus personnels sur des thématiques qui me touchent. J’écris mes émotions. J’ai fait des portraits de rencontres, beaucoup de choses autour de la mort aussi, parce que j’y ai été confrontée plusieurs fois dans ma vie. C’est le cas dans Dulcinée qui donne la parole à une enfant qui ne naîtra jamais. De même, je suis militante féministe, donc ça ressort forcément dans mes poèmes, comme dans Femmage par exemple. Je l’ai écrit à un moment où je commençais à faire des liens entre les paroles de femmes que j’entendais dans mon quartier, dans les groupes de paroles, qui évoquaient des parcours de vie très compliquées, et l’aspect un peu plus théorique des chiffres et du droit. La convergence de tout ça a fait monter une intense colère en moi et le résultat c’est ce texte, assez virulent il faut bien le dire, sur les violences faites aux femmes

Que vous apportent le Club et le magazine Femmes ici et ailleurs ?  

J’ai découvert le magazine sur les réseaux sociaux et me suis abonnée au Club en début d’année. J’aime beaucoup les rencontres, notamment j’ai adoré celle avec la philosophe Gisèle Szczyglak. Femmes ici et ailleurs m’apporte des ouvertures sur le monde intéressantes, surtout les grands reportages. Ils permettent de voir les choses sous un angle différent, par rapport aux femmes. Moi qui aime bien avoir des livres dans les mains, j’apprécie aussi le format papier du magazine. Les photos sont très belles, je peux le prêter à mes copines et on en discute ensuite, c’est pratique.