Santé : Maladies cardiovasculaires, l’oubli des femmes
Parce que les maladies cardiovasculaires sont réputées masculines, elles sont mal connues, mal diagnostiquées et mal soignées chez les femmes, pour lesquelles ces pathologies sont pourtant la première cause de mortalité. Changer ce regard permettrait de sauver de nombreuses vies.
Par Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #38, juillet-août 2020
“En avril 2019, j’ai ressenti des douleurs à la poitrine et des difficultés à respirer. Je ne suis pas tout de suite allée aux urgences, parce que je n’ai pas du tout pensé à un infarctus. Mon mari m’a dit : ‘ça doit être psychologique’. Lorsque j’ai décrit mes symptômes à l’hôpital, le médecin ne m’a même pas examinée. Il m’a fait un test urinaire et m’a dit que je devais avoir une infection aux reins. Il s’est écoulé un grand laps de temps avant que je sois prise en charge. Je pense que ce délai a contribué à ce que ma dissection coronaire s’étende.”
L’expérience d’Inès Dubussy, trente-neuf ans, est loin d’être unique. “Ni l’étude des symptômes, ni les méthodes diagnostiques, ni la prise en charge thérapeutique des maladies cardiovasculaires ne sont adaptées aux femmes”, explique Muriel Salle, maîtresse de conférence et autrice de Femmes et santé, encore une affaire d’homme ?

Une maladie masculine ?
“La croyance selon laquelle les maladies cardiovasculaires sont des pathologies masculines repose sur l’idée que les femmes en sont naturellement préservées, parce qu’elles ont des particularités physiologiques”, indique-t-elle. En effet, les femmes, parce qu’elles peuvent être enceintes et donc voir augmenter leur volume sanguin, ont des artères et des veines plus souples. Pourtant, les maladies cardiovasculaires sont aujourd’hui la plus importante cause de mortalité chez les femmes européennes et américaines et les crises cardiaques ont triplé ces quinze dernières années chez celles de moins de cinquante ans.