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Maïa Mazaurette : Que ne durent que les moments doux [France]

Elle a fait de la sexualité un sujet journalistique et sociétal, revendique l’imagination au pouvoir dans les chambres à coucher – y compris conjugales – et milite pour l’érotisation des corps masculins. Journaliste, chroniqueuse, autrice, Maïa Mazaurette a ouvert un chemin singulier dans un domaine où tout n’a pas été dit, loin de là.

Propos recueillis par Sandrine Boucher et Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #38, juillet-août 2020

Biographie express
Après des études de lettres à la Sorbonne puis de journalisme à l’ESJ de Lille, Maïa Mazaurette devient journaliste reporter d’images pour France 3. En parallèle, elle lance son blog sur la sexualité La coureuse. Elle collabore ensuite avec différents titres de presse écrite et web, en France et à l’étranger, et tient une chronique sur France Inter. À partir de 2015, elle participe à la Matinale du Monde, tous les dimanches. Maïa Mazaurette, qui a présenté le TEDx “Ce que l’on a oublié de vous dire sur le sexe” en juin 2019, est désormais chroniqueuse pour l’émission Quotidien, sur TMC.

Autrice de plusieurs romans, le premier sorti en 2001, Nos amis les hommes, elle a signé une dizaine d’essais sur la sexualité, dont La revanche du clitoris, en 2008, Peut-on être romantique en levrette ? et L’Anti-kamasutra à l’usage des gens normaux en 2009, Ma vie sexuelle est plus grosse que la tienne, le livre qui corrige les idées reçues sur le sexe en 2018. Dernières parutions, cette année : Sortir du trou, lever la tête et Le sexe selon Maïa, un recueil de ses chroniques. Elle dessine et illustre elle-même ses articles.

Maïa Mazaurette
© Michael Hull

Comment avez-vous commencé à vous intéresser à la sexualité et au féminisme ?

Je me souviens qu’à l’école maternelle, un garçon m’a dit que je n’avais pas le droit de jouer à chat parce que les filles ne courent pas et j’ai pensé qu’il allait y avoir un souci… J’ai eu deux parents féministes. Et j’insiste sur le “deux”, parce que je crois que cela fait une grande différence quand les pères aussi sont féministes. Il a choisi de travailler à mi-temps quand je suis née et je l’ai souvent vu prendre la défense des femmes ou rabrouer ses amis qui faisaient des vannes sexistes.

À seize ans, en terminale, j’ai lu Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Dans mon lycée, je voyais les filles subir des attouchements – mains aux fesses, seins – et le sexisme me paraissait incontournable. Depuis l’âge de quatorze ans, je voulais être un garçon. La lecture du Deuxième sexe m’a permis de comprendre que mon problème n’était pas de devenir un homme, mais de ne pas pouvoir être une femme. Cette lecture m’a donné un bagage intellectuel qui m’accompagne toujours.

Juste après, je suis rentrée dans l’association des Marie pas Claire. Nous avions eu pas mal d’articles dans la presse qui s’interrogeait : “Qui sont ces nanas féministes dans les années 90 ?” À l’époque, cela paraissait aberrant, mais nous avions lancé des actions un peu pop, rigolotes, nous parlions de sexe de temps en temps, nous étions jeunes et mignonnes. Notre féminisme était pardonnable à condition de bien sourire sur la photo.

Quant à la sexualité, avec mes parents soixante-huitard·e·s, le sujet n’était pas caché et les romans érotiques visibles dans la bibliothèque !

Vous avez étudié à l’ESJ de Lille, une des plus grandes écoles de journalisme de France. Alors que vos camarades rêvaient de devenir reporters de guerre, vous vous êtes intéressée à la sexualité…

La sexualité était considérée comme un non-sujet absolu. Pendant ces études, j’ai voulu couvrir un salon du sexe et un défi lé de mode sur le thème du fétichisme. Les autres pensaient que c’était pour me faire remarquer, alors que l’alternative était de couvrir une inauguration de rond-point ou un match de foot du Losc… Le féminisme était aussi un non-sujet, pas à la mode, incompréhensible pour des étudiant·e·s qui, depuis, se sont rallié·e·s à la cause.

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