Lim Kimsor : L’écoguerrière [Cambodge]
Au Cambodge, où les luttes pour les droits sociaux et environnementaux sont intimement connectées, Lim Kimsor a fait de l’empowerment des communautés villageoises l’histoire de sa vie.
Par Lena Bjurström
Paru dans Femmes ici et ailleurs #30, mars-avril 2019

Lim Kimsor avait vingt ans quand les autorités cambodgiennes ont décidé d’expulser ses parents ainsi que soixante-dix autres familles de leur maison, à Phnom Penh. C’était en 2009, sa première lutte, sa première colère. “Mon père s’est battu jusqu’au bout”, se souvient-elle. Ce futur médecin arraché à ses études par le régime des Khmers rouges apprend la révolte à sa fille. “J’ai grandi bercée par Radio Free Asia. Chez moi, on a toujours cru en la nécessité de s’informer et de s’engager.”
Lim Kimsor abandonne ses études pour s’investir dans des projets sociaux et éducatifs. Elle se forme sur le tas et, peu à peu, se forge un nom sur les réseaux sociaux avec des posts sur des villageois·es en lutte pour leurs droits. En 2013, elle se rend dans la vallée d’Areng, au cœur des montagnes des Cardamomes, où des membres de l’ethnie Chong se battent contre un projet de barrage hydroélectrique qui engloutirait leurs terres ancestrales et plus de 10 000 hectares de forêt pourtant protégée. Elle se joint aux habitant·e·s, campe sur la seule voie d’accès à la vallée et, avec d’autres jeunes activistes, diffuse de nombreuses vidéos sur la situation. Plusieurs centaines de milliers de partages plus tard, la lutte pour la vallée d’Areng est connue dans tout le pays et, en 2015, le gouvernement suspend le projet. Lim Kimsor a trouvé sa voie.