Sumitra Das Goswami : Libre voix du Rajasthan [Inde]
Sumitra Das Goswami n’a jamais renoncé à sa passion : prêter sa voix à la musique sacrée et traditionnelle du Rajasthan, au nord-ouest de l’Inde. Et ce malgré les conservatismes qui interdisent aux femmes de chanter et de se montrer en public.
Par Natalia Martinez Winter
Paru dans Femmes ici et ailleurs #37, mai-juin 2020

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ? La manière dont vous avez commencé à chanter et les premières réactions ?
J’ai appris à chanter avec mon père alors que j’avais sept ans. J’interprète des bhajan (du sanskrit bhajana “adoration”, NDLR), des chants dévotionnels à l’attention des divinités. Vers quinze ans, j’ai participé avec lui à des rassemblements culturels et religieux, puis mon répertoire s’est agrandi quand j’ai appris à jouer de l’harmonium. Lorsque je chantais avec mon père dans un événement au sein de ma communauté, certaines personnes venaient systématiquement lui demander de m’écarter, car j’étais une fille et, selon ces personnes, une fille ne doit ni chanter, ni jouer en public. Nous avons subi une forte pression sociale. Petit à petit, c’est devenu du harcèlement. J’étais choquée par ce comportement et je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais être acceptée en tant qu’artiste.