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Les mille et un visages féminins de la contestation [Russie]

Depuis de nombreuses années, la Russie s’éloigne inexorablement des principes démocratiques. La mainmise du Kremlin est croissante et le gouvernement use de tous les artifices pour bâillonner la contestation. Malgré ce climat liberticide, l’opposition demeure vive et les femmes y tiennent un rôle plus que jamais prépondérant. Politiques, militantes associatives, humanistes, féministes, artistes, elles sont de plus en plus nombreuses sur un front multiforme, face au régime en place.

Texte de Sacha Koulaeva
Paru dans Femmes ici et ailleurs #45, septembre-octobre 2021

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Manifestation féministe à l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, à Saint-Pétersbourg, 8 mars 2019. Quelque 150 personnes sont présentes. Un des slogans affichés est : “On a besoin de nos droits, pas de fleurs !” © David Frenkel

Dans un pays de plus en plus verrouillé par Vladimir Poutine et son clan, le résultat des élections à la Douma, la chambre basse du Parlement de la Fédération de Russie, qui auront lieu le 19 septembre, ne fait aucun doute. Sans surprise, le scrutin visant à désigner les 450 député·e·s pour un mandat de cinq ans n’offre pas la bataille d’idées et de projets attendue dans un État démocratique, tant le régime dirigé par l’ex-officier du KGB, aux manettes depuis 1999, étouffe toute voix dissonante.

Même de la part des ressortissant·e·s étranger·ère·s, le gouvernement ne tolère plus la critique à l’intérieur de ses frontières. Vanessa Kogan, directrice américaine d’une ONG de protection des droits humains, Justice Initiative, a été expulsée au printemps pour “menace à l’ordre constitutionnel”. Autre exemple récent, l’annonce, le 14 août, du non-renouvellement du visa d’une correspondante de longue date de la BBC à Moscou, Sarah Rainsford. La chaîne britannique a condamné “sans réserve”, ce qu’elle considère être “une atteinte directe à la liberté de la presse”, un mois avant ces élections législatives.

Comme avant chaque grand rendez-vous politique national en Russie, la répression s’intensifie. Après tant d’opposant·e·s “éliminé·e·s” de la course au Kremlin par le pouvoir en place au cours des décennies passées, c’est désormais le sort réservé au leader de l’opposition, Alexei Navalny, qui est dans tous les esprits. Le dissident a été arrêté en janvier, dès son retour d’Allemagne, après un coma et des mois d’hospitalisation, suite à un empoisonnement au Novichok, un produit neurotoxique, attribué aux services secrets russes. Mais Alexeï Navalny n’est pas seul à tenir le flambeau de la contestation.

Des partisan·e·s d’Alexeï Navalny brandissent des smartphones avec les lumières allumées ou affichant le portrait du dissident, lors d’un rassemblement non autorisé, sur la place Lénine, à Novosibirsk, en Sibérie occidentale, le 21 avril 2021. © Kirill Kukhmar/TASS/Sipa USA/Sipa

Dans cette Russie insoumise, les femmes, impliquées dans toutes les sphères de la société, sont au cœur des débats et des luttes. Bien sûr, elles sont aussi présentes dans le camp du Président, même s’il est de notoriété publique que Vladimir Poutine n’a que peu d’égards pour l’égalité femmes-hommes (seulement 16 % de députées à la Douma).

Valentina Matviyenko, présidente du Conseil de la Fédération (la chambre haute du Parlement de la Fédération de Russie), Irina Yarovaya, vice-présidente de la Douma, ou Maria Zakharova, la tristement célèbre porte-parole du ministère des Affaires étrangères, sont sur le devant de la scène, avec leur indéfectible fidélité au maître du Kremlin… et une totale absence d’indépendance.

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