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Les Amazones, mythe ou réalité ?

Après un affrontement avec de farouches Indiennes aux cheveux longs, l’explorateur Francisco de Orellana baptise un fleuve du nom d’“Amazone”, en 1542. Les Amazones, ces vaillantes guerrières au cœur insensible viennent des récits de l’Antiquité et continuent de nourrir notre imaginaire. Réelles ou fantasmées, les Amazones ont-elles vraiment existé ?

Par Laurence Dionigi, membre du Club Femmes ici et ailleurs

Elles apparaissent la première fois dans les écrits d’Homère (8e siècle av. J.-C.) avec la célèbre Penthésilée, reine des Amazones, dont Achille tomba amoureux alors qu’il était en train de la tuer. Homère narre également l’enlèvement de l’Amazone Antiope par Thésée, lors d’une féroce bataille, avec laquelle il se marie par la suite.
Homère se serait inspiré de récits rapportés au sujet de réelles combattantes appartenant au peuple scythe (Caucase et Ukraine actuelles), Sauromates (région de l’Oural) et Sarmates (région des steppes de la basse Volga). Plutôt de chevelure blonde ou rousse aux yeux clairs, ces populations nomades indo-européennes ont vécu entre le 7e siècle av. J.-C. et le 1er siècle ap. J.-C.

Certains auteurs de l’Antiquité soulignent que ces femmes vivaient à l’écart des hommes et qu’elles ne gardaient que les bébés filles, pour les élever comme de redoutables combattantes. Selon l’historien romain Quinte-Curce (1er siècle ap. J.-C.), ces guerrières se coupaient le sein droit pour mieux tirer à l’arc. Quant à Hippocrate, il racontait qu’elles se le brûlaient pour renforcer leur épaule et leur bras droit afin de ne pas être gênées sur le champ de bataille.

Ces guerrières ont-elles existé ?
Des sépultures de femmes, datant de 8e siècle av. J.-C., armées de couteaux, de pointes de flèches, de lances et d’épées au même titre que de bijoux ou torques, ont été retrouvées dans des nécropoles scythes et sauromates. Ces peuples nomades vivaient dans le Cappadoce (Asie mineure) et auraient possédé un fonctionnement égalitaire entre les deux sexes, qualifié de barbare par les Grecs, car bien loin de leur modèle patriarcal. Hommes et femmes partaient côte à côte en guerre, même si elles restaient minoritaires sur les champs de bataille (entre 20 % et 30 % de combattantes selon le nombre de tombes de femmes retrouvées avec des armes). Elles s’habillaient plutôt comme leurs homologues masculins, portaient tuniques, pantalons ajustés ainsi qu’un bonnet, typique de certaines peuplades des steppes.

La forme arquée de certains fémurs ayant appartenu à des femmes prouve que ces “Amazones” montaient à cheval dès le plus jeune âge. Elles participaient également à la vie religieuse en célébrant les cultes. Cette composition sociale montre qu’il existait, dès l’Antiquité, des sociétés égalitaires – peut-être même matriarcales – dans certaines régions d’Europe.

Cette fascination des Amazones indépendantes et guerrières perdure depuis des siècles, nourrissant toutes les représentations artistiques et littéraires possibles et imaginables, jusqu’aux mouvements féministes d’aujourd’hui.

Ce blog collaboratif est une plate-forme réservée aux membres du Club Femmes ici et ailleurs. Chacun·e a la possibilité de partager dans cet espace ses témoignages, autour de femmes ou d’événements l’ayant particulièrement inspiré·e. Ces contenus n’engagent pas la rédaction.

Laurence Dionigi est une autrice, conférencière, chroniqueuse et grande voyageuse, ayant collaboré à de nombreux médias de par le monde. Depuis 2013, elle organise la manifestation, Fémin Auteures, à Antibes et anime des cafés littéraires dans la région niçoise. Avec une dizaine d’ouvrages à son actif, elle met lumière la place des femmes dans l’art avec par exemple Les grandes oubliées de l’art.