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Reportage : L’envol des Roller Girls [France]

Depuis le début des années 2000, un sport collectif créé par et pour les femmes séduit de plus en plus d’adeptes à travers le monde. En France, elles sont près de 4 000 à pratiquer le roller derby. Un mélange de patins à roulettes, de bagarre et de solidarité.

Texte de Margaïd Quioc
Paru dans Femmes ici et ailleurs #26, juillet-août 2018

roller derby
Les joueuses Oshie Broodywood et Blitz Purplecat de l’équipe de France de roller derby dans les vestiaires de la coupe du monde en décembre 2014, à Dallas. Assise sur une poubelle, Oshie s’amuse de la marque Brute, écho à l’énergie du roller derby et à la sienne dans le jeu. © Yann Levi/Hans Lucas

Sur un terrain goudronné, un groupe de jeunes femmes, patins à roulettes aux pieds et casque sur la tête, tournent autour d’une piste délimitée par des plots, en s’envoyant de grands coups d’épaule. “Assiste !”, “no pack !”, “fais le pont !” Au milieu d’injonctions mystérieuses, de méchantes chutes et de grands éclats de rire, le jeu se met en place.
Ces femmes font partie des Amazones, l’équipe de roller derby d’Aix-en-Provence. Elles se retrouvent tous les lundis et jeudis soir pour deux heures d’entraînement. “Le principe de base, c’est une course de roller entre deux équipes, mais avec des contacts”, résume Anaïs Lhoste, cheffe de projet dans une agence de voyages. Chaque équipe aligne cinq joueuses. La “jammeuse” doit faire des tours de piste pendant que les “bloqueuses” l’en empêchent. “C’est parfois un peu violent, on tombe et on se fait pas mal de bleus.

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Les Duchesses, du club Nantes Derby Girls font un roll out avant un match : l’équipe tourne sur l’ovale qui sert de terrain de jeu, appelé aussi l’anneau ou le track, afin de saluer le public et de présenter chacune des joueuses. © Arnaud Masson

Pas de profil type dans cette équipe. Tous gabarits, âgées de vingt à quarante ans, étudiantes, mères de famille, employées, fonctionnaires… Parmi elles, Émilie Farudja, quarante ans. Après avoir enfilé casque, genouillères, coudières et protège-dents, elle s’élance sur la piste.
Rien ne prédestinait cette prothésiste, mère de deux enfants, à devenir un pilier des Amazones. Émilie Farudja a d’abord dû vaincre sa peur des chutes et de la vitesse. Puis s’organiser un emploi du temps millimétré avec son compagnon. “Les lundis et jeudis, j’ai entraînement et c’est lui qui s’occupe de nos deux enfants. Les mardis et mercredi, il a ses activités.” Ajouter à cela les matches et déplacements certains week-ends : “Parfois, je ne les vois pas pendant plusieurs jours. Mais c’est ma bulle à moi où je pose mon cerveau et ne pense ni au travail, ni à mes obligations familiales. C’est un défouloir.

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L’équipe des Unnamed Bitches, issue de différentes villes françaises, dans les vestiaires, lors d’un match contre les Marseillaises de Mars Invaders. Ces deux équipes s’affrontaient dans la cité phocéenne, le 27 mai dernier. © Charlotte Caselles

À la voir faire chuter ses adversaires (en langage derby, c’est un block), on en est convaincu·e. “C’est un peu cliché de dire cela, mais quand je suis au derby, je ne suis pas tout à fait la même qu’au travail ou avec mes enfants.” D’ailleurs, les joueuses de la région la connaissent plutôt sous son derby name : Mimi Brindacier. “Quand je chausse mes patins, je ne suis plus Émilie de tous les jours, je peux vraiment être moi-même.

Shiva Ginal, Mad Maga ou Full Metal Cotelette… Se choisir un nom fait partie intégrante du parcours des derby girls. Presque une deuxième identité, un nom de guerrière, qui fait la réputation des joueuses. “Au travail, mes collègues s’imaginent qu’il ne faut pas me chercher parce que je fais du roller derby”, raconte Nolwenn Garel, aka Nol’teigne, enseignante dans les quartiers nord de Marseille et membre des Mars Invaders. “Pourtant, je ne me définis pas comme une fille ‘badass’ ! Je ne suis pas du tout rock’n’roll.

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