Le mot : Le mythe de la virginité
Par Rebecca Amsellem
Paru dans Femmes ici et ailleurs #30, mars-avril 2019
Je me souviens parfaitement de la perte de ma virginité. L’après surtout. Je suis sortie dans la rue et j’ai regardé les passant·e·s. Cela se voit-il sur mon visage ? Ma démarche a-t-elle changé ? Suis-je une femme désormais ? Je me sentais différente. Fière sans aucun doute. Mais c’est une exception, je le sais. Dans notre société, être vierge reste encore trop souvent synonyme de pureté. Pureté à laquelle les jeunes filles devraient s’accrocher le plus longtemps possible : “Attends l’amour de ta vie !”, “Es-tu sûre que c’est le ou la bon·ne ?”

Quelques années plus tôt, j’avais lu dans un magazine féminin l’histoire d’une Brésilienne, Rebecca, qui avait décidé, alors qu’elle avait une trentaine d’années, de se faire reconstruire l’hymen pour être “vierge” de nouveau. Je ne me rappelle plus des raisons qui l’avaient poussée à subir cette opération. Je me souviens néanmoins m’être demandé pourquoi elle n’était pas fière de ne plus être vierge.