L’actu d’ici et ailleurs – 15/06/21-28/06/21
France
Accusé, levez-vous !

C’est une première pour la justice française. Parce qu’il n’a pas su protéger Karine Jambu, violée à répétition dans son enfance par un ami de ses parents, l’État a été condamné pour “multiples fautes lourdes” par la cour d’appel de Paris, le 18 mai. En première instance, le tribunal de Rennes avait déjà reconnu un “déni de justice”, en raison de la lenteur du parquet à traiter les signalements dont la situation de Karine Jambu avait fait l’objet. Le 26 mai, l’État a de nouveau été condamné pour “faute lourde”, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Bénédicte Belair, par son compagnon. Le tribunal judiciaire de Paris a conclu à un “dysfonctionnement dans une affaire d’homicide”. De tels désaveux du système judiciaire restaient jusqu’alors peu fréquents.
Concernant le cas de Valérie Bacot, la responsabilité collective est à nouveau au centre des débats. Battue, violée, prostituée par son ex-beau-père, devenu son mari, elle a été condamnée, pour l’avoir tué, à quatre ans de prison, dont trois avec sursis. “La responsabilité de notre société à ne pas l’avoir protégée est immense. La condamner serait une aberration et une injustice insoutenable”, assurait dans un communiqué, avant le verdict, l’association Osez le féminisme. Compte tenu de l’année déjà passée en détention provisoire, la victime qui était sur le banc des accusé·e·s est ressortie libre le 25 juin. Une victoire pour elle, qui va désormais pouvoir se reconstruire et pour ses nombreux soutiens, près de 720 000 personnes ayant signé la pétition réclamant sa libération. Valérie Bacot encourait la perpétuité.

La perpétuité, c’est la peine dont a écopé le 16 juin l’ex-compagnon de Julie Douib, assassinée en mars 2019. Cette décision espérée a cette fois été saluée et jugée “inédite” par la présidente de la Fondation des Femmes, Anne-Cécile Mailfert, sur Twitter. Ce jugement est intervenu alors que de récents féminicides ont suscité une nouvelle vague d’indignation, questionnant la capacité des institutions à protéger les femmes de leurs proches violents. Comme le meurtre de Chahinez Daoud, brûlée vive par son mari, le 4 mai, à Mérignac, ou celui de Stéphanie Di Vincenzo, que son compagnon a poignardée à mort, le 23 mai, à Hayange. Toutes deux avaient préalablement déposé plainte contre leurs agresseurs.
Face aux réactions féministes, les ministères de la Justice et de l’Intérieur ont lancé deux missions d’inspection, mettant en évidence, dans le féminicide de Chahinez Daoud, une “série de défaillances”, selon le rapport remis le 10 juin au gouvernement. En revanche, à Hayange, la thèse du “dysfonctionnement des services judiciaires” a été rejetée le 25 mai, par le procureur de la République de Metz.
Dans un communiqué de presse du 9 juin, le gouvernement a annoncé six nouvelles mesures pour renforcer la protection des victimes et le suivi des auteurs de violences conjugales, dont la “création d’un fichier des auteurs de violences conjugales”. Des promesses qui restent “bien insuffisantes” selon la porte-parole d’Osez le féminisme, Fabienne El-Khoury.
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