L’actu d’ici et ailleurs – 01/04/21-15/04/21
Birmanie
Ligne de front

La répression militaire a pris une nouvelle dimension depuis plusieurs semaines, avec des tirs à balles réelles sur les manifestant·e·s pro- démocratie et des bombardements sur les territoires shan et karen, les principales minorités ethniques du pays. Selon différentes données publiées par des médias et des ONG, les forces de sécurité auraient causé la mort de plus de huit cents civil·e·s, depuis le coup d’État du 1er février. Malgré cette violence, les manifestations se poursuivent contre la junte qui a renversé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi. Et les femmes continuent de s’illustrer au cœur de cette contestation, notamment lors des rassemblements de nuit organisés dans les principales villes. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, elles ont initié un mouvement dans tout le pays, en quadrillant certaines rues de fils à linge, sur lesquels elles accrochaient leurs htameins, ou sarongs, pièces de tissu traditionnelles que les Birmanes nouent autour des hanches, pour en faire une jupe longue. Objet de superstitions les soldats n’osent pas toucher ces vêtements. La junte interdisant cet accrochage dans les rues, elles en ont alors fait des étendards, devenus au mois de mars les principaux signes de ralliement des contestataires. Par ailleurs, la répression féroce dans les villes et les bombardements dans les montagnes ont poussé de nombreuses familles à l’exode. À la frontière thaïlandaise, les réfugié·e·s se sont pressé·e·s en nombre. Comme toujours dans ce type de situation, ce sont essentiellement les femmes qui ont organisé la fuite et la protection des familles de villageois·es.