Julie Blanchet, bobinière rotativiste
Par Manon Boquen
Paru dans Femmes ici et ailleurs #40, novembre-décembre 2020

On reconnaît l’endroit les yeux fermés. Aux bruits mécaniques. À l’odeur entêtante d’un mélange d’encre et de papier. Vingt-deux heures viennent de sonner et les rotatives ont commencé à tourner. Julie Blanchet, dans un sas vitré entre les deux engins géants, hauts de deux étages, pianote sur un ordinateur pour ajuster les réglages de l’impression. “S’il y a un problème, je dois être très réactive”, explique-t-elle, le regard concentré. Son métier demande rigueur et dynamisme. Avec un rendement de 84 000 exemplaires à l’heure par machine, la rotativiste doit agir vite, au risque d’imprimer des milliers de journaux invendables.
Voilà huit ans que Julie Blanchet a rejoint Ouest-France en tant que bobinière-rotativiste. Si son souhait d’intégrer l’un des plus fameux sites français d’impression de journaux s’est exaucé, elle a dû se battre pour y parvenir. Au lycée, pendant ses études en industries graphiques, cette idée la traversait déjà : “J’ai dû attendre un an pour enfin pouvoir postuler dans le service.” Ici, jusqu’en 2012, l’univers des rotativistes était resté fermé aux femmes, comme à l’époque lointaine où le métier passait par le transport de lourdes plaques de cuivre.