Santé : Jouissons enfin sans entraves !
Par Roberta Zambelli avec Sandrine Boucher
Paru dans Femmes ici et ailleurs #30, mars-avril 2019
Lors d’un rapport hétérosexuel, les hommes jouissent 95 fois sur 100, mais les femmes dans seulement 65 % des cas, a révélé une étude américaine portant sur l’orgasme selon le genre et l’orientation sexuelle, publiée en 2018 par les Archives of Sexual Behavior1. Les différences biologiques ne semblent pas en cause : les femmes homosexuelles atteignent l’orgasme à 86 %. Le constat est comparable dans notre pays où 49 % des femmes admettaient rencontrer “assez régulièrement” des difficultés à parvenir à l’orgasme, selon une étude de l’Ifop de 2015.
Signe de l’intérêt des femmes (et des hommes !) pour la question, le compte Instagram T’as joui ?, créé par Dora Moutot en août dernier, comptait, fin janvier, déjà près de 300 000 abonné·e·s. Les femmes y sont nombreuses à confier rester sur leur faim, après que le rapport sexuel se fut terminé par l’orgasme de leur partenaire masculin. L’une d’entre elles ironise : “Si les femmes devaient avoir un orgasme pour pouvoir tomber enceintes, il y aurait huit personnes sur terre !”

Pour expliquer cette différence entre hommes et femmes dans le plaisir, le terme d’orgasm gap est utilisé : “l’écart dans l’orgasme”. D’où vient ce gap ? Déjà, d’une méconnaissance de la physiologie des corps. Un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre femmes et hommes de 2016 a par exemple révélé qu’une adolescente sur quatre, âgée de quinze ans, ne sait pas qu’elle a un clitoris, clé de la jouissance féminine. “Clito ou tard, il faudra bien que l’homme apprenne”, “Allons clitos de la patrie, le jour de plaisir est arrivé !”, s’amusent les internautes sur T’as joui ?.