Marie Molliens : “Je gratte au fond de l’âme” [France]
Fildefériste et seule femme directrice de chapiteau en France, Marie Molliens écrit des spectacles de cirque-théâtre. Elle y bouscule l’image de la femme de cirque, figure inatteignable et éblouissante, pour la rendre à sa vulnérabilité.
Propos recueillis par Christine Lamiable
Paru dans Femmes ici et ailleurs #39, septembre-octobre 2020

Comment êtes-vous devenue circassienne ?
Je suis une “enfant de la balle”. J’ai commencé à apprendre les bases de l’acrobatie avec mes parents, qui faisaient du théâtre de rue. À l’âge de quatre ans, j’avais un numéro de “funambule” sur peaux de banane. Mon père les disposait sur une ligne que je devais parcourir sans glisser. La petite troupe de mes parents est devenue la compagnie Rasposo. Elle et il ont acheté leur premier chapiteau de cirque-théâtre au début des années 2000. À l’adolescence, j’ai brièvement pensé devenir vétérinaire. Mais quand j’ai imaginé me rendre tous les jours dans un cabinet, j’ai compris que ce n’était pas pour moi. À dix-huit ans, je suis partie à Paris me former à l’École nationale du cirque Annie Fratellini, auprès de maîtres du cirque traditionnel.
Pourquoi avez-vous choisi de pratiquer le fil de fer ?
Cette technique s’est imposée après la découverte d’un câble dans le grenier de mon grand-père. Et puis je ne voulais pas faire du trapèze comme toutes les petites filles ! Lorsqu’on imagine une femme artiste de cirque, elle est toujours trapéziste, jamais fildefériste. Les gens de cirque disent souvent que les disciplines liées à l’équilibre sont plus compliquées. Or, j’aime me mettre en difficulté. Nombre de fildeféristes disent que le fil est un lieu de liberté pour eux. Pour moi, c’est plutôt l’endroit où je me décharge de toutes mes noirceurs.