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Isa Segonzac : Bien dans ses sabots [France]

Unique parmi les rares : Isa Segonzac est la seule sabotière de France aux côtés d’une dizaine seulement de sabotiers. Dans son atelier à Saint-Bertrand-de-Comminges, au pied des Pyrénées, elle s’attèle avec passion à remettre le sabot au goût du jour. 

Par Anne-Marie Kraus
Paru dans Femmes ici et ailleurs #25, mai-juin 2018 

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© Joël Estrade

Enfant, Isa Segonzac adorait la musique. Elle s’imaginait déjà professeure de piano, mais il fallait passer nécessairement par des concours et jouer en public… “J’étais beaucoup trop mal à l’aise et timide ; j’ai réalisé que ce n’était pas fait pour moi”, avoue-t-elle. La jeune fille s’oriente alors dans des études d’histoire. “J’ai des parents pharmacien·ne·s. J’ai eu une éducation très classique, nous vivions dans une espèce de petit microcosme bourgeois. Le monde de l’artisanat ? C’était complètement abstrait pour moi.” Isa Segonzac tient tour à tour une boutique de musique, travaille dans la formation professionnelle, “mais rien de manuel”.

En 1998, elle croise le chemin d’un jeune photographe, Joël Estrade. “Je l’ai rencontré en faisant du chant et on est tombé très amoureux”. Il est le fils du sabotier de Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, entre Toulouse et Tarbes. Lorsqu’elle est invitée la première fois dans la famille de Joël, ce fut la révélation. Isa Segonzac tombe sous le charme de l’atmosphère qui baigne dans l’atelier du sabotier. “C’était l’école de la patience et, à la base, je ne le suis pas du tout.” Et puis, elle se décrit comme maladroite et malhabile de ses dix doigts. “Les premiers mois, il y a eu pas mal de coups de marteau, de coups de cutter, d’estafilades un peu partout. Il y avait des journées où je ne pouvais même plus tenir les outils.” Mais elle s’accroche. “Mes tout premiers sabots réussis, qui ressemblaient vraiment à des chaussures, sont les modèles dont je suis le plus fière.” 

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© Joël Estrade

Après deux années de formation, le sabotier part à la retraite et Isa Segonzac reprend l’atelier début 2002, avec des créations modernes qui contribuent à renouveler l’image du sabot : talons hauts, cuirs colorés ou vernis, bottines… Elle ouvre aussi un site internet pour vendre ses modèles à distance et décide en 2005 de déménager son atelier à quelques kilomètres de là, à Saint-Bertrand-de-Comminges, village historique labellisé Grand site d’Occitanie. “Ce label attire une clientèle touristique : c’est intéressant pour l’activité.” Elle fait tout de même le choix de s’implanter dans la partie basse du village, un peu excentrée, afin de pouvoir conserver sa tranquillité.

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