Le mot : Hystérie

Par Rebecca Amsellem
Paru dans Femmes ici et ailleurs #23, janvier-février 2018
“Une femme qui pense par elle-même, on dit qu’elle est cérébrale. Une femme qui s’exprime, qu’elle est folle. Une femme qui rit, qui pleure, qui exprime ses émotions, qu’elle est hystérique.” La chanteuse Camille expose un non-sens au micro de Lauren Bastide, dans le podcast féministe La Poudre. D’où vient cette névrose qui semble frapper les femmes qui disent tout haut ce que toutes pensent tout bas ?

Du mot grec ὑστέρα (usteria), qui signifie matrice ou entrailles. Aujourd’hui, l’hystérie est définie comme une classe de névroses dont certains symptômes peuvent être spectaculaires (phobies, crises, anesthésies voire des paralysies). Hippocrate utilise le terme d’hystérie, pour la première fois, pour désigner des symptômes – principalement des excès d’émotions – qui seraient dus au déplacement de l’utérus dans le corps (ceci n’est pas une blague). Cette explication persiste dans le temps. Ambroise Paré précisait ainsi au XVIe siècle : “Quelquefois même, il frétille et bouge, faisant perdre patience et toute raison à la pauvre femme1.” Au XIXe siècle, on apprend même que cette “maladie” est répandue surtout auprès des femmes blanches. L’historienne Caroll Smith-Rosenberg l’explique en précisant qu’il s’agissait probablement de la seule forme socialement acceptée de “débordement” de la part des femmes2.