Gloria Cano : Une si longue lutte [Pérou]
Gloria Cano n’a jamais renoncé dans sa longue quête pour rendre justice aux victimes des exactions commises sous la présidence de Fujimori au Pérou. Même si l’ancien président a été condamné, le combat de cette avocate n’est pas terminé.
Par Rachida El Mokhtari
Paru dans Femmes ici et ailleurs #19, mai-juin 2017

Ce 10 décembre 2007 a marqué un tournant pour tout un pays et donné une “satisfaction immense” à Gloria Cano. Ce jour-là, l’ancien président Alberto Fujimori comparaissait enfin devant la Cour suprême du Pérou pour les crimes perpétrés lors de son mandat, de 1990 à 2000, dont le massacre de Barrios Altos, à Lima. Le soir du 3 novembre 1991, un groupe militaire avait tué quinze personnes, dont un enfant de huit ans, soupçonnées d’appartenance au groupe dissident du Sentier lumineux. Pour Gloria Cano, qui travaillait sur ce dossier depuis de longues années et défendait les familles des victimes, c’est l’aboutissement d’un combat acharné.
Enfant, quatrième d’une fratrie de six, elle savait déjà qu’elle combattrait pour les droits humains. Gloria Cano a grandi à Ica, à 340 kilomètres au sud de Lima. Celle que ses camarades d’études surnommaient “l’avocate des pauvres”, s’engageait auprès de familles sans ressources après les cours. Dans les années 1990, l’Aprodeh (Association pour les droits humains) — dont elle est aujourd’hui directrice — lui propose de défendre des victimes de fausses accusations de terrorisme, jugées lors de procès expéditifs.