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Farida Hammani : une maison pour les femmes au Niger

Au sein du Club Femmes ici et ailleurs, nous avons la chance de compter des personnalités exceptionnelles, agissant dans des domaines très divers, en France et bien au-delà de nos frontières.

Farida Hammani est présidente et coordinatrice de l’association Solidarité Femmes Internationale, qui soutient l’éducation des jeunes filles et femmes à Agadez. Située entre le Sahara et le Sahel, Agadez est la ville la plus importante du Nord du Niger.

Propos recueillis par Emma Gomez, Femmes ici et ailleurs

Pouvez-vous retracer votre parcours ?

Quand j’avais vingt ans, j’ai travaillé dans une maternité au Niger, dans la plus grande pauvreté. J’y ai rencontré des femmes puissantes, fortes, autonomes. Après deux ans, je suis rentrée en France où j’ai eu mon diplôme de sage-femme. Toute ma vie j’ai gardé en tête ces merveilleuses années passées en Afrique. Je suis finalement retournée au Niger dans les années 2000. J’ai complètement raccroché avec ce pays et ce peuple. J’ai décidé de mener un projet personnel pour ma retraite. Je voulais créer un lieu où les femmes pouvaient se rencontrer, discuter, s’instruire, se former. C’est ainsi que la maison des femmes d’Agadez est née. Pour financer le projet, j’ai créé l’association Solidarité Femmes Internationale en 2002. Il n’y a que des bénévoles et nous mettons un point d’honneur à utiliser les dons uniquement pour la réalisation du projet.

Quel objectif poursuit la maison des femmes d’Agadez ?

Le Niger est l’un des pays les plus pauvres de la planète, avec le taux de fécondité le plus élevé au monde et une grande partie de la population analphabète. Les filles sont sorties de l’école et mariées très précocement. C’est contre cela que nous luttons. Au Niger, il y a entre 90 et 120 enfants par classe dans les écoles primaires. Si les élèves sont en échec deux fois, ils et elles sont exclu·e·s du système scolaire secondaire. Nous récupérons donc ces petites filles et nous les remettons dans des écoles privées, pour les mener au moins au Brevet. Si possible, nous les inscrivons dans des formations professionnelles. Elles n’ont ni eau, ni électricité, et apprennent leurs cours assises par terre, dans le sable, à la lueur d’une lampe torche. Aujourd’hui ces filles que personne n’avait jamais regardé se retrouvent enseignantes et, à chaque fois, c’est un frisson. C’est merveilleux d’aider, de rendre le sourire, et de redonner espoir à ces gens.

Quels sont les autres projets menés à la maison des femmes ?

Plus de 60 % de notre budget est consacré à l’éducation des filles, mais nous ne pouvions pas laisser tomber les mères. Il fallait absolument qu’elles apprennent des métiers générateurs de revenus. Nous avons donc créé des formations gratuites en tricot, crochet, couture machine, maroquinerie, broderies traditionnelles, teinture-tissu, tissage… Nous avons des familles entières du quartier qui sont sorties de la misère. Nous menons également des projets autour de l’écologie et les énergies renouvelables avec des panneaux solaires, des puits, des frigos en terre, des cuiseurs solaires…

Que vous apporte le Club Femmes ici et ailleurs ?

Quand j’assiste à des conférences, j’ai du plaisir à voir la qualité des femmes qui s’expriment. Je me nourris au contact de toutes ces femmes magnifiques, alors que j’ai l’habitude de nourrir les autres. Quelque soit le sujet de nos rencontres, je ressors toujours de là avec le sourire parce que c’est bienveillant, c’est chaleureux, respectueux, constructif.