Fanny Benedetti, directrice exécutive d’ONU Femmes France
Au sein du Club Femmes ici et ailleurs, nous avons la chance de compter des personnalités exceptionnelles, agissant dans des domaines très divers, en France et bien au-delà de nos frontières. Chaque semaine, la rédaction du magazine met en lumière une d’entre elles.
Fanny Benedetti est directrice exécutive d’ONU Femmes France.
Propos recueillis par Aude Stheneur, Femmes ici et ailleurs

Quel est le rôle d’ONU Femmes France ?
Nous sommes l’émanation d’ONU Femmes. Cette entité pour l’égalité entre les femmes et les hommes est arrivée très tardivement dans le paysage des organisations internationales, il y a dix ans. Pourtant, la non-discrimination en fonction du sexe est inscrite dans la charte des Nations Unies depuis l’origine. Mais nous nous sommes rendu·e·s compte que les progrès liés au statut des femmes et des filles étaient tellement lents que cela retardait l’ensemble de l’agenda onusien. Il y a donc eu un effort pour créer cette entité dédiée. Très vite après, il y a eu une initiative en France, dont j’ai été l’une des membres fondatrices, pour créer une structure partenaire. Chez ONU Femmes France, nous avons trois missions : faire connaître ONU Femmes et ses programmes dans le monde en adaptant ses campagnes au contexte local, collecter des fonds auprès du grand public et des entreprises pour les programmes d’ONU Femmes et porter des campagnes au niveau français sur des enjeux liés aux droits des femmes et à l’égalité.
Le 15 octobre, vous organisez un événement pour marquer les vingt ans de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a reconnu l’importance de l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles. Pourquoi cette résolution est-elle importante ?
C’est un anniversaire, mais pas une célébration. La résolution 1325 du Conseil de sécurité, qui date de 2000, pose le cadre global et les onze résolutions suivantes précisent les obligations des Etats, de l’ONU et de toutes les parties prenantes pour avoir une approche spécifique sur la question des femmes et des filles dans les conflits armés, non seulement en tant que victimes mais aussi en tant que parties prenantes dans la phase de reconstruction et de post-conflit. Après vingt ans d’action au plus haut niveau, le résultat de ces résolutions est limité. Les violences envers les femmes et les filles continuent à se perpétuer dans tous les conflits et crises des dernières années, voire même s’accroitre. Pour ce qui est de la participation des femmes dans la résolution des conflits et le maintien de la paix, elle représente encore moins de 6 %. Et le rôle qu’elles jouent dans les négociations de paix sont très peu reconnu et valorisé. Dans le rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité en 2019, il pointe du doigt le fait que seulement 0,2 % de l’aide bilatérale (entre deux États) pour les associations de terrain va à des structures œuvrant pour les femmes. Néanmoins, la principale avancée est la visibilité donnée à ces conflits et ces situations. L’émergence des prix Nobel Dr Mukwege, gynécologue et militant contre les mutilations génitales en République démocratique du Congo, et Nadia Murad, militante irakienne kurde, ancienne victime de Daesh, comme des personnalités de premier rang sont le fruit de ces efforts.
En quoi consistera cet événement ?
L’événement, organisé en partenariat avec l’Agence Française de Développement, se déroulera en format virtuel. Il durera environ deux heures et rassemblera des expert·e·s du sujet, au niveau national et international, des artistes et des personnalités comme le Dr Mukwege. La parole sera également donnée à des activistes et à la jeunesse dans le cadre de témoignages ou d’interviews. Notre objectif est d’atteindre le plus grand public possible, et notamment les 14-30 ans, la « génération égalité ».