Victoire Tuaillon : Et du côté des hommes ? [France]
Parce qu’on ne naît pas (non plus) homme, mais qu’on le devient, la journaliste Victoire Tuaillon, fondatrice du podcast Les couilles sur la table, tend son micro aux expert·e·s pour déconstruire les clichés sur la masculinité. Et rassemble plus de 500 000 écoutes chaque mois.
Propos recueillis par Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #32, juillet-août 2019
Pourquoi avoir décidé de vous intéresser à la masculinité ?
Le projet s’inspire de ma lecture adolescente de King Kong Théorie de Virginie Despentes qui disait “écrire pour les mecs qui ont une petite bite, qui ont peur la nuit, qui préfèrent rester à la maison s’occuper des enfants plutôt que de chasser le mammouth”. S’il existe des recherches universitaires sur le sujet depuis les années quatre-vingt-dix, il y avait là un angle mort dans le discours médiatique féministe. Nous ne pourrons pas résoudre tous les maux contre lesquels nous nous battons sans réfléchir à ceux qui les infligent. Ce sont les deux faces de la même pièce. Il est important de montrer qu’il n’y a rien de naturel, ni aucune fatalité dans l’ordre du monde. Le proverbe “Boys will be boys” est faux. Le podcast est un format idéal : il permet de développer un propos complexe.

Le choix de ce nom avait-il pour but de faire réagir ?
Je n’en voyais tout simplement pas d’autre qui résume aussi bien le projet. Cette expression est vulgaire mais significative. Le courage et l’audace sont assimilés à un caractère viril. Elle est aussi utilisée par les hommes eux-mêmes : entre couilles, ma couille. Couille, testicule, vient de testis en latin qui veut dire témoin. Les témoins de la virilité, donc.