Santé : Envers et contre toutes
Sur dix patient·e·s touché·e·s par les maladies auto-immunes, huit sont des femmes. Une douloureuse particularité qu’elles devraient notamment à leurs chromosomes X, qui boostent leur système immunitaire. La recherche médicale commence à peine à comprendre l’origine de ces pathologies et la raison de cette spécificité féminine.
Par Aude Stheneur
Paru dans Femmes ici et ailleurs #42, mars-avril 2021
“Je souffre de la maladie de Crohn, qu’on m’a diagnostiquée il y a huit ans, et de la maladie d’Hashimoto, diagnostiquée en février 2019. La première affecte mon système digestif et la seconde me cause, entre autres, une extrême fatigue, une grande frilosité, des douleurs, des pertes de mémoire et de la prise de poids. Je dois prendre une dizaine de médicaments par jour.” Estelle*, vingt-neuf ans, souffre de maladies auto-immunes, comme 5 à 8 % de la population. Ces pathologies, nombreuses et très diverses, ont en commun d’être provoquées par un dysfonctionnement du système immunitaire, qui se retourne contre l’organisme. Elles touchent, dans 80 % des cas, des femmes. “Quasiment toutes les maladies auto-immunes, sauf une ou deux qui sont des exceptions, présentent davantage de prévalence chez les femmes. Le lupus, par exemple, touche neuf femmes pour un homme à l’âge adulte”, constate Patrick Blanco, chef de service du laboratoire d’immunologie du CHU de Bordeaux.

La malédiction de l’X
Les maladies auto-immunes peuvent s’attaquer à un seul ou plusieurs organes. Elles constituent le troisième groupe de maladies les plus fréquentes, après le cancer et les maladies cardio-vasculaires (lire Femmes ici et ailleurs #38). “Il n’est pas possible de guérir de ces maladies. À partir du moment où le diagnostic est posé, c’est pour la vie. Il va néanmoins être envisageable d’éteindre ou d’atténuer l’activité de la maladie”, explique le spécialiste.