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Elza Renoud : Comme l’oiseau [France]

Couturière pour les costumes de scène, Elza Renoud découvre le chemin des airs par hasard. Elle se forme au trapèze volant avec les plus grands, puis fonde une compagnie 100 % féminine, Vol de Dames. À cinquante-deux ans, elle pratique toujours cette discipline exigeante.

Par Danièle Masse
Paru dans Femmes ici et ailleurs #21, septembre-octobre 2017

Trapéziste volante… “Très peu de femmes exercent cette discipline professionnellement. Aujourd’hui, dans les écoles de cirque, on ne l’enseigne plus comme un métier, mais comme un loisir.” À cinquante-deux ans, Elza Renoud détonne par son allure juvénile : un corps gracile, tout en muscles, une énergie palpable dans ses moindres gestes, une vivacité dans sa démarche presque aérienne.

© Gil Frechet

En 1990, lors de son baptême sur les trapèzes, Elza Renoud a alors vingt-cinq ans et déjà une spécialité… de couturière. Après un bac raté et deux années à l’École des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, elle se dirige vers sa première passion : le chas et l’aiguille. La jeune femme s’inscrit au Centre de la bonneterie de Troyes pour une formation accélérée. Après un premier stage dans le 11e arrondissement de Paris, elle postule dans différents ateliers de costumes. Un seul donne suite à sa demande, mais pas n’importe lequel : l’atelier de Patrick Lebreton, à Pigalle, spécialisé dans le costume d’époque, un des plus cotés sur la place. Elza Renoud travaille alors avec des costumier·ère·s et des metteur·se·s en scène, au cinéma, au théâtre, à l’Opéra ; assiste aux répétitions, note les retouches, organise les essayages… Elle apprend la couture “floue” (réalisation de vêtements souples et déstructurés, par opposition à la réalisation “tailleur”) afin de mettre elle-même la main à la pâte. C’est ainsi qu’elle contribue à fabriquer les costumes de scène de Jean Marais, Jean Carmet, Gérard Depardieu, Isabelle Adjani, du chorégraphe Daniel Larrieu…

La jeune femme pense son avenir tout tracé, mais quatre ans après ce premier stage, l’atelier dépose le bilan, en 1989. La couturière exerce alors ses talents en travailleuse indépendante, notamment à La Ferme du Buisson, une scène nationale près de Paris. Certains bâtiments de cette ancienne chocolaterie sont occupés par la plus prestigieuse école de trapèze de France. “Je venais y chercher des balles de jonglage. Quand je suis entrée, j’ai vu des agrès partout, j’étais fascinée. J’ai demandé au professeur si je pouvais “monter”. Il m’a demandé mon groupe sanguin et mon numéro de Sécurité sociale en souriant, puis il m’a dit : “Vas-y fais ton baptême.” En fait de première, c’est un vrai coup de foudre pour Elza Renoud. “Comme en amour”.

Dès qu’elle se trouve au plus haut des agrès, elle se sent dans son élément et retrouve des sensations passées. Enfant, elle faisait des compétitions de gymnastique aux barres asymétriques, sport qu’elle dut abandonner à l’âge de quinze ans après une mauvaise chute. “Cette impression de voler, d’être au-dessus de tout, me remplissait à la fois de peur et d’excitation. La nuit qui a suivi mon baptême au trapèze, j’ai refait un rêve récurrent dans mon enfance : je volais très haut, pour échapper à la cour de récréation et aux autres enfants”. 

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